Tuesday, June 08, 2010

Citation du 9 juin 2010

Aujourd'hui, la censure a changé de visage. Ce n'est plus le manque qui agit mais l'abondance.

Bernard Werber – La révolution des fourmis

Les mots ont une histoire, et qui plus est, une histoire qui s’accélère de plus en plus.

C’est ainsi que le mot « censure » a à peu près disparu de notre vocabulaire courant, et excepté certains psychanalystes, plus personne ne l’emploie.

Par contre d’autres mots font leur apparition : ainsi la « désinformation » est apparue il y a quelques décennies pour caractériser non l’interdit sur l’information (censure), mais la diffusion de fausses nouvelles, ou d’interprétations falsificatrices. A l’époque c’était l’URSS qui était la spécialiste de ce genre de pratique. Plutôt que de censurer, mieux vaut affaiblir et fausser l’information.

Mais la perte de contrôle des Etats sur les medias de l’information, en particulier avec les technologies numériques (Internet, téléphones portables) a fait disparaître ce genre de pratiques, et la censure étatique des medias, n’a guère de chance de réussir – comme nous l’ont montré la Chine ou l’Iran.

- C’est alors qu’on s’est aperçu que la censure était une fatigue inutile, non pas seulement parce que ça ne marche pas, mais surtout parce que les informations se censurent toutes seules, par le simple fait du débordement incroyable des messages, qui entraîne la perte du contenu, sa dilution, sa disparition dans le flot incessant des « nouvelles » nouvelles. C’est donc bien l’abondance d’information qui censure l’information, un peu comme dans le jeu « Où est Charlie », on cache ce qu’on montre en le noyant dans une masse extraordinaire de détails.

C’est une preuve de plus que les hommes ont des facultés qui n’ont plus de rapport avec leur capacité de production. Il nous faut des machines pour conduire nos machines, telles que nos fusées, nos avions et bientôt nos voitures.

Hé bien pour entendre et voir ce que nous produisons il nous faut déjà des moteurs de recherches (entièrement automatisés) ou des scanners qui analysent à notre place des millions de documents. Bientôt il nous faudra des machines qui verront les films à notre place ou qui écouteront les musiques qu’on n’a pas le temps d’écouter.

--> Et pendant ce temps là, nous on pourra sortir avec nos petites amies.

No comments: