Friday, June 25, 2010

Citation du 26 juin 2010

Ce que les hommes veulent en fait, ce n'est pas la connaissance, c'est la certitude.

Bertrand Russell

... Eh quoi ? notre besoin de connaître n'est-il pas justement notre besoin de familier ? le désir de trouver, parmi tout ce qui nous est étranger, inhabituel, énigmatique, quelque chose qui ne nous inquiète plus ? Ne serait-ce pas l'instinct de la peur qui nous commanderait de connaître ? Le ravissement qui accompagne l'acquisition de la connaissance ne serait-il pas la volupté de la sécurité retrouvée ?..."

NIETZSCHE – Le gai savoir [Aph. 355]

Retour sur un paradoxe qui nous avait déjà un peu occupé dans un Post de l’an dernier (ici) : l’extraordinaire crédulité des hommes, qui les pousse à admettre les plus grosses bêtises comme certitudes sans aucune discussion. Pourquoi en effet affirmer une chose comme étant vraie, alors même qu’on se soucie comme d’une guigne de son authenticité ?

Selon nos auteurs du jour, cette contradiction s’expliquerait par le fait que la vérité difficilement découverte nous importe moins que la sécurité de la certitude immédiate.

Il y a deux formes d’attachement à la certitude qui n’impliquent pas nécessairement la vérité :

1 - L’une est liée au désir : devant le malheur, l’illusion du bonheur vaut mieux que la lucidité. Qu’importe l’erreur, si seulement elle m’apporte du plaisir… ou m’épargne une souffrance. C’est ainsi que le mari trompé ne veut justement pas être détrompé.

--> Ce n’est pas cette forme qui nous occupe ici.

2 - L’autre origine de la crédulité vient de la peur du doute et de l’incertitude qui créent l'insécurité source d’inquiétude et de souffrance.

C’est comme cela que s’est créé un énorme malentendu à propos de la philosophie : on veut croire qu’il y a comme ça des hommes (des sages, des philosophes) qui possèdent la vérité sur tout et qu’il suffit de consulter pour être à l’abri du doute (1).

Alors, oui, il y a bien des systèmes philosophiques qui énoncent des vérités démontrées – ou du moins argumentées. Mais en même temps aucune de ces vérité ne peut être tenue pour utile tant qu’on n'a pas fait soi-même le chemin qui y mène. Voyez Descartes qui vous demande – dans ses Méditations métaphysiques (2) – de refaire pour votre propre compte en 6 jours (pas un de moins) de chemin qui va du doute à la certitude.

- Dis, René, c’est encore loin la Vérité ?

- Tais-toi et cherche !


(1) C’est comme cela que j’ai titré mon autre Blog « Docteur-Philo », en espérant que chacun lira l’autodérision sous la couche bien épaisse de suffisance.

(2) Méditations métaphysiques, sous titrées : Méditations touchant la première philosophie dans les quelles l’existence de Dieu et la distinction entre l’âme et le corps de l’homme sont démontrées.

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