Hélas ! comme je suis fatigué de tout ce
qui est insuffisant et qui veut à toute force être événement !
Hélas ! comme je suis fatigué des poètes !
Nietzsche
– Ainsi parlait Zarathoustra 2ème partie – Des poètes
Que cette exclamation paraît actuelle ! N’était la mise
en cause des poètes, comme elle paraîtrait conforme à ce que nos médias et nos
réseaux sociaux nous rabâchent à longueur de journée !
Car il nous faut de l’évènement, de l’imprévu, du formidable,
du détonnant. Oui, mais quand il n’y a pas, qu’est-ce qu’on fait passer dans
les tuyaux de l’information ? Des sketches d’imitateurs qui nous font rire
en singeant les politiques et les stars de l’actualité ? Oui, bien sûr.
Mais surtout, puisqu’il faut bien se contenter de faire passer ce qui arrive,
on s’efforce de faire reluire ce qui est terne et de grossir ce qui est
minuscule.
Finalement, tout cela est bien banal. Reste à observer que
c’est Zarathoustra qui prononce ce jugement, et qu’il est le prophète de la
morale pour l’homme de demain, celui qui aura surmonté le recroquevillement des
êtres d’aujourd’hui et l’appauvrissement des forces de leur morale.
Oui, pour Zarathoustra, tout est une question de force,
qu’elle soit dominante ou qu’elle soit dominée ; qu’elle contraigne chaque
être à extérioriser ce qu’il est ou au contraire à se replier frileusement sur
soi-même
Que chaque matin je me retrouve dans mon miroir …
… et que je me demande : « Dis moi, qu’as-tu a
espérer de ce jour, quel évènement nouveau vas-tu produire pour mériter que le
soleil vienne t’éclairer ? » On le devine, la réponse pourrait bien
être qu’il faut faire de ce qui est insuffisant un événement.
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