Il y a toujours un multiple du plus petit qui est supérieur
au plus grand.
Archimède.
(Cité par Denis Guedj Le Théorème du Perroquet)
Quand on se place sous l’autorité d’Archimède on ne risque
guère d’être contredit. Encore plus quand cette citation paraît évidente. Après
tout l’ensemble infini des nombres entiers naturels est constitué de la
multiplication de l’unité ; et c’est à cause de cette petite unité que cet
ensemble reste inaccessible : le plus grand nombre imaginable peut encore
être dépassé par le tout petit « un » qui vient s’y ajouter.
… Mais, vous savez comme sont les philosophes ? Dès
qu’une évidence s’impose on les dirait jaloux de voir une vérité possédée par
les plus humbles esprits. Il leur faut contredire !
- Ainsi de Nietzsche qui prend la notion de grandeur comme
l’expression de la qualité et non de la quantité. La force est l’expression de
la nature de l’être et du coup sa quantité peut très bien varier sans que cette
qualité vienne à changer. La force de l’homme supérieur, du
« maitre » comme il dit est de forcer le monde à subir sa volonté. L’homme
supérieur est celui qui extériorise son être aussi loin qu’il le peut. En
revanche, la force des êtres inférieurs, des « esclaves » comme il
dit, est une force qui subit la pression du monde. Même quand elle devient
dominante (comme avec la foule), elle reste une volonté d’esclave. Entendez
qu’elle définit son action par réaction contre ce qui la domine. La morale de
l’esclave dit : « Tu es
mauvais, donc je suis bon » ; celle du maitre dit : « Je suis bon dont tu est mauvais ».
La méditation de Nietzsche à l’encontre d’une sentence telle
que celle d’Archimède ne nous mène pas seulement à la relativité de la
force ; elle nous mène à comprendre la démocratie comme un pseudo pouvoir,
une force sans boussole, un peu comme un bolide sans pilote. Si vous voulez une
démocratie réelle, ajoutez-lui non pas une poignée de citoyens en plus, mais un
chef qui orientera les regards vers un horizon précis.
Derrière le chef, le peuple ; derrière le maitre les
esclaves
… Hum… En lisant ça on se dit (je me dis) que tout compte
fait mieux vaut encore être anarchiste que démocrate.
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