Saturday, August 22, 2009

Citation du 23 août 2009

Le besoin de certitude a toujours été plus fort que le besoin de vérité.

Le Bon – Aphorismes du temps présent (1913)

Dans la série « Pourchassons les platitudes et les enfonceurs de portes ouvertes », la citation d’aujourd’hui constitue un gibier de choix…

Car dites moi si ça vous apprend quelque chose de dire que les gens – n’importe qui sauf vous et moi, bien sûr – se moquent de la vérité du moment qu’ils ont la certitude ? Ou si vous préférez qu’on n’appelle vérité que ce qui est accompagné d’une intime conviction. Ou encore, qu’on n’aime la vérité que pour autant qu’elle met un terme aux doutes et aux débats…

Mais, pas si vite ! Déjà, on ne peut passer à la trappe l’existence des vérités absolument prouvées et qui nous dérangent. Ce n’est donc pas tant le besoin de certitude que celui de conserver nos opinions qui nous importe. La peur du problème – la peur de l’x disait Nietzsche – n’est donc pas le seul motif qui nous pousse à nous accrocher comme des malheureux à nos croyances.

Ces croyances nous représentent, elles sont une part de nous mêmes, on ne peut les réfuter sans nous infliger une blessure. Narcissique la blessure ? Peut-être, tout dépend de l’origine de ces convictions intimes.

Parce que toutes nos convictions ne sont pas l’objet de notre sollicitude, seules certaines d’entre elles en bénéficient. D’où viennent-elles ? Les psychosociologues parlent de représentations socioculturelles pour désigner les préjugés qui viennent de notre milieu social, c'est-à-dire de celui où nous avons grandi.

C’était aussi l’opinion de Descartes qui écrit que l’origine des préjugés se trouve dans la petite enfance où l’autorité de nos précepteurs associé à nos passions à réussi à tromper notre crédulité et à nous égarer (1).

Nos erreurs sont autant de souvenirs chéris de notre petite enfance, ce sont elles qui nous ont bercés pour nous endormir et consolés quand nous avions mal.

Père Noël, qui donc a réussi à me persuader que tu n’existais pas ?


(1) « je pensai que, pour ce que nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et qu'il nous a fallu longtemps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs, qui étaient souvent contraires les uns aux autres, et qui, ni les uns ni les autres ne nous conseillaient peut-être pas toujours le meilleur, il est presque impossible que nos jugements soient si purs, ni si solides qu'ils auraient été, si nous avions eu l'usage entier de notre raison dès le point de notre naissance, et que nous n'eussions jamais été conduits que par elle. » Descartes – Discours de la méthode, 2ème partie

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