Sunday, March 06, 2011

Citation du 7 mars 2011

Afin qu'une œuvre d'art plastique s'anime vraiment lorsqu'on la contemple, il est nécessaire de choisir un moment transitoire ; un peu plus tôt aucune partie du Tout ne doit s'être trouvée dans cette posture, peu après chaque partie doit être forcée de la quitter.

Goethe, 1798, « Sur Laocoon », Ecrits sur l'art

L’instant est une coupure mobile de la durée […] Il y a des images-mouvement qui sont des coupures mobiles de la durée.

Gilles Deleuze - Cinéma 1 - L’image mouvement (Post du 9 avril 2008)


Rubens – L’enlèvement des filles de Leucippe


Deleuze partait de la distinction entre la pose et l’instantané, mais, même en faisant comme lui appel à Bergson, on ne voit pas toujours très clairement ce qu’il faut entendre par « coupure mobile ».

Je crois que Goethe lève le doute à ce propos : la coupure mobile peut parfaitement représenter un moment d’immobilité, mais totalement transitoire, absolument instantané, moment tel qu’il n’existait pas il y a un instant (la femme était tranquillement sur terre), et qu’il disparaitra l’instant d’après (elle sera entrainées dans le ciel par des bras virils et vigoureux). L’enlèvement des filles de Leucippe ne résume pas la totalité de l’évènement par une pose particulière – comme le fera Rodin avec son célèbre baiser (voir le Post référencé ci-dessus). Par contre on peut voir un moment crucial de cet enlèvement, crucial et instable.

L’enlèvement est donc un thème particulièrement faste pour représenter le mouvement en art plastique. Mais il n’est pas le seul, et Goethe commente ici non pas un enlèvement, mais le moment où les terribles serpents jaillis de la mer dévorent les fils de Lacoon.

Voyez plutôt :

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