Friday, November 25, 2011

Citation du 26 novembre 2011

Chaque jour, nos vêtements épousent plus exactement notre personnalité, recevant la marque du caractère de celui qui les porte, si bien que nous hésitons à les laisser de côté, retardant le moment de le faire, leur administrant des soins médicaux et entourant leur départ de quelque solennité, comme nous le faisons pour notre corps.

Henry D. Thoreau – Walden ou la vie dans les bois (1854)

Récemment, répliquant à Céline, nous étions arrivés à l’affirmation que nos vêtements disent quelque chose de nous.

Oui, mais quoi ? Et comment ?

Thoreau nous l’explique : le vêtement prend progressivement les plis et la forme de notre corps, il l’exprime, il l’épouse, il devient peau et muscles, os et stature aussi bien que lui. A condition de le porter assez longtemps (et on devine que l’anti-consommateur qu’était Thoreau ne devait pas changer de chemise aussi souvent que nous) notre vêtement va prendre peu à peu la forme de notre personnalité.

Oui, vous avez bien lu : de notre personnalité, voilà ce que dit notre citation. Notre tempérament, nos sentiments, la coloration de notre humeur, tout cela s’imprime dans nos vêtements, on dirait même qu’on les y retrouve encore quand ils sont posés le soir, sur la chaise au pied du lit.

--> Telle est l’idée illustrée par Van Gogh avec sa célèbre paire de souliers (tableau commenté ici par Heidegger)

(On pourrait aussi évoquer la décoloration du tissu due à la transpiration du travailleur, l’usure aux genoux du pantalon du jardinier, les déformations de la robe de la femme de ménage. Mais aussi, la couleur du vêtement qui marque notre caractère – à moins que ce ne soient les coutumes de notre pays : le noir de la veuve, le blanc de la jeune fille, etc.)

Bref : tout ça pour en arriver à demander : qu’est-ce qui se passe quand vous mettez à la poubelle un vieux vêtement ? (1) Est-ce que ça vous gêne de perdre ainsi une part de vous-même – peut-être même était-ce un vêtement qui vous a bravement suivi dans les épreuves de la vie (comme la chemise-qui-fait-réussir de nos lycéens qui vont passer le bac ou le permis de conduire) ?

Ou alors, cherchez-vous à changer de caractère en changeant de chemise, ce qui reprend la pensée de Thoreau mais en l’orientant vers une nouvelle solution ?

Dans ce cas, n’attendez pas les soldes : filez chez Kiabi, la-mode-à-petit-prix !

--------------------------------

(1) D’ailleurs, le mettez-vous à la poubelle ? Ne faites-vous pas partie plutôt de ces gens qui, comme à l’égard des livres, se sentent mal de mettre leurs vieux vêtement dans une poubelle ? N’allez-vous pas les placer dans un conteneur qui en promet la réutilisation ? A moins que vous n’en fassiez des chiffons pour faire le ménage (Quoique ce ne soit pas gagné : j’ai eu une femme de ménage qui refusait de prendre nos vieux sous-vêtements, pourtant soigneusement lavés, pour nettoyer les carreaux – je n’ai jamais su quoi en penser).

No comments: