Sunday, December 11, 2011

Citation du 12 décembre 2011

Lorsqu'on vend son blé ou son vin, ce n'est pas pour consommer l'argent qu'on en tire ; c'est pour l'employer à l'achat des objets dont on aura besoin ; dans la réalité, on échange ce qu'on vend contre ce que l'on achète.... les conséquences de la théorie des échanges se résolvent en des trocs que l'on fait des produits entre eux....

J. B. Say, Cours, 1840, t. I, p. 339.

Qu’est-ce qu’on échange? Des navets contre des carottes? Peut-être, mais si on veut faire un pot-au-feu, c’est idiot, parce qu’on aura besoin des deux.

L’échange opère entre des objets de valeur identique, mais qui correspondent à des besoins différents. Comme le dit notre citation, le troc est la réalité ultime de tous les échanges.

Et l’argent ? Echange-t-on un billet de 20 euros contre un autre billet de 20 euros ? Sûrement pas : tout juste dira-t-on qu’on l’échange contre 20 pièces d’un euro, parce qu’on a besoin de monnaie pour le parcmètre.

--> L’argent est considéré ici comme un simple instrument dans un échange, et il n’a pas plus d’existence autonome qu’un outil quelconque : en dehors du commerce, le billet de 20 euros n’a pas plus de réalité que le marteau sans les clous.

Notre époque connaît pourtant une autre réalité (que J.B. Say devait pourtant lui aussi connaître) qui est la spéculation. Notre billet de 20 euros, dans certaines circonstances, va, tout seul, faire des petits, devenir 25 euros – ou bien il peut aussi rétrécir, devenir 15 euros. On a mis très longtemps à admettre que notre argent possède ce mode d’existence bien autonome.

Un exemple ? Les physiocrates au 18ème siècle prétendaient que seule la nature permet de s’enrichir, parce qu’en enfouissant un grain de blé va pousser une plante qui nous en donnera 100 ; par contre en enfouissant de l’or (ou notre billet de 20 euros), on ne récupérera – au mieux – rien de plus (1).

Un autre exemple ? Selon Marx, le capitalisme fonctionne certes en produisant de la valeur grâce à l’argent. Mais au lieu d’enfouir l’argent dans un coffre, l’homme aux écus le fait circuler, il achète du travail et ce qu’il vend, c’est ce qu’il le produit de celui-ci.

Marx dénonce comme fétichisme la croyance selon laquelle l’argent pourrait s’accroitre par son seul mérite.

Il ne connaissait pas nos traders, ça se voit…

--------------------------------------------

(1) On ne dit ici rien de plus que ce qu’on trouve dans la Parabole des talents. Evangile de Matthieu, XXV-14-30

1 comment:

Anonymous said...

Il est vrai que dans les contes, il y a souvent un moment où le future princesse est déshéritée

- "la"

P.S. : J'adore vous lire.