Tuesday, July 15, 2014

Citation du 16 juillet 2014



Huit joueurs forts et actifs, deux légers et rusés, quatre grands rapides, et un dernier, modèle de flegme et de sang-froid. Le rugby c'est la proportion idéale entre les hommes.
Jean Giraudoux
Allez ! Encore un petit tour du côté du rugby.
Une remarque : je suis totalement ignare en matière de rugby, et je voudrais qu’on ne me tienne pas trop rigueur de mes approximations.
Tout ce que je sais de la composition de l’équipe de rugby vient d’ici. Du coup on comprendra que, pour cette même raison, je ne discuterai pas la validité « rugbystique » de la citation de Giraudoux.
Ça c’est de la citation ! Et pas seulement parce que, sur un sujet qui semble frivole, on convoque une gloire de la littérature. Non, c’est une pensée géniale parce qu’elle nous permet de voir la société comme une équipe de rugby, comparaison que chacun pourra interpréter aisément. D’ailleurs je m’étonne qu’aucun homme politique (du moins à ma connaissance) ne se soit emparé de cette phrase de Giraudoux pour nous faire marcher droit.
- Donc, la société ne doit pas être composée d’hommes tous identiques, même si on imagine cette identité comme une super-faculté telle la Raison-des-Lumières. Exit donc l’homme citoyen-universel ; place aux ailiers, talonneurs, piliers, etc… La société (au sens le plus large) nécessite une diversité de fonctions et donc de talents.
Il serait tentant de chercher qui, dans la société, peut incarner ces personnages : qui sont les gros balaises de la « première ligne » ? Qui sont les ailiers légers et rusés ? Qui sont les grands et rapides arrières ? Et puis l’ultime défenseur qui est-il ?
La métaphore est trop belle pour que je vous prive du bonheur de la décrypter vous-mêmes. Du coup, je vous laisse aussi le soin de déterminer à quel type de régime politique répond cette organisation rugbystique de la société : une démocratie ? Une anarchie ? Ou bien plutôt une dictature ?
o-o-o
Laissez-moi juste réfléchir à l’arrière, celui dont Giraudoux nous dit qu’il est un modèle de flegme et de sang-froid. Curieux n’est-ce pas ? Curieux parce que, dans nos sociétés, on ne songe guère à faire du retrait dans le combat une qualité – voire même une vertu.
Nous, nous sommes dans la compétition, tout se joue dans la percussion, dans la rapidité – dans la réactivité. Et voilà qu’on nous chante la vertu du gaillard qui reste derrière les autres, mais non pas comme un « planqué », plutôt comme un ultime défenseur – mais en même temps comme celui qui a une vision assez globale pour relancer l’attaque.
Quelqu’un qui serait à Londres quand l’Allemand est à Paris ?

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