Monday, July 28, 2014

Citation du 29 juillet 2014


L'affirmation et l'opiniâtreté [= obstination] sont signes exprès [= manifestes] de bêtises.
Montaigne
Après les vérités « irréfragables » d’hier, voici les affirmations opiniâtres, venues de ceux qui refusent avec obstination de reconnaitre leur erreur. Ne s’agit-il pas de la même attitude ? Car, n’est-ce pas la même chose que le refus de la preuve ?
Bref : y a-t-il une différence entre le juge qui vous dit :
- Monsieur, cet enfant est votre fils parce que c’est votre femme qui l’a mis au monde.
- Et celui qui affirme que les étrangers apportent des maladies contagieuses et pillent les ressources de la Sécurité sociale ?
Dans les deux cas, les données réelles et probantes sont accessibles et elles mettraient fin aux préjugés et aux disputes.
On peut rencontrer parfois l’astuce de certains de ces assèneurs de vérité qui retournent l’accusation de cécité contre leur contestateur. Telle est la « théorie du complot » qui consiste à dire : « C’est vous qui refusez l’évidence parce que vous êtes intoxiqué par la presse (pardon : les Médias) qui est aux mains des Juifs (ou du capitalisme, ou de la CIA) »
Signalons  le cas très étonnant des attentats du 11 septembre dénoncé parfois comme un montage opéré par la CIA pour obtenir je-ne-sais plus quoi. Au fond, l’idée est que la contestation n’est rien d’autre que la preuve de la vérité qu’on avance. « Vous croyez que je suis fou ? C’est la preuve que vous êtes manipulé. »

C’est bien sûr ce que dit Montaigne qui constate que pour énoncer une vérité il faut accepter de la mettre en balance avec l’affirmation contraire. Et il ajoute : celui qui se trompe et qui persiste dans son erreur, qui refuse d’être détrompé n’est pas seulement ridicule : il manifeste aussi sa bêtise.
L’opiniâtreté n’est donc pas seulement dommageable pour la vérité : elle est aussi un trait de caractère, parce qu’elle révèle l’orgueil extrême qui consiste à avoir la certitude que puisqu’on pense ceci ou cela, alors c’est vrai.
Là où il faudrait examiner la preuve, on trouve l’affirmation de sa propre certitude : c’est vrai parce que je le pense. Et d’ailleurs, vous êtes immédiatement invité à penser la même chose : « Vous êtes bien d’accord avec moi, M’sieur ? »

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