Monday, January 16, 2012

Citation du 17 janvier 2012

Au reste, si l'éducation de la jeunesse est négligée, ne nous en prenons qu'à nous-mêmes et au peu de considération que nous témoignons à ceux qui s'en chargent.
D'Alembert (1717-1783) – (Article "Collège" de l'Encyclopédie) (1)
Bien des sociologues ont fait de la perte de considération sociale l’origine du malaise des enseignants. Autrefois, disent-ils, l’instituteur du village était considéré comme un notable. Le père reconnaissait en lui l’homme grâce à qui son fils aurait une vie meilleure que la sienne. Et l’on pouvait s’adresser à lui pour tourner une lettre un peu difficile ou pour s’orienter dans le dédale de démarches administratives.
Aujourd’hui, malheur au professeur ou à l’instituteur qui se mêle de punir un élève turbulent ! Le père (parfois le Grand frère) l’attend à la sortie des classes, pour lui faire comprendre que ça ne va pas. Et bien sûr, malheur à celui qui se risquerait à confisquer le portable du petit qui échange des SMS pendant les cours.
Oui, mais voilà : ce que nos spécialistes ont relevé comme preuve de l’inexorable perte de l’autorité dans nos sociétés n’est pas si nouveau que cela et comme on le voit ici, l’Encyclopédie, en plein 18ème siècle, pointe déjà le phénomène et en fait la cause du manque d’éducation de la jeunesse.
Donc, ce qu’on savait déjà, c’est que le milieu familial est déterminant pour la réussite scolaire, et que la première figure de l’instituteur, c’est dans le foyer familial qu’elle se dessine.
Par contre l’école de d’Alembert n’est pas encore l’école obligatoire, laïque et républicaine, qui va mettre plus d’un siècle à apparaitre : c’est l’école de la paroisse, dévolue aux religieux, ou bien c’est avec le précepteur que ça se passe. Du coup, ce n’est pas comme chez nous du mépris barbare pour la culture que vient la perte de considération : comme le souligne le texte de (mis en note), d’Alembert dénonce la futilité et la frivolité.
L’écolier de d’Alembert n’est pas un fils de paysan ; c’est un petit marquis.
Reste que la leçon d’histoire est la suivante : les vicissitudes de l’école sont l’exact décalque de la réalité sociale.
--> Le rôle que certains veulent faire jouer à l’école (réparer la casse sociale) devient alors impossible : comment être l’effet de la société et prétendre malgré tout en modifier les mécanismes ?
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(1) Voici le paragraphe : « Au reste, si l’éducation de la jeunesse est négligée, ne nous en prenons qu’à nous-mêmes, & au peu de considération que nous témoignons à ceux qui s’en chargent ; c’est le fruit de cet esprit de futilité qui règne dans notre nation, & qui absorbe, pour ainsi dire, tout le reste. En France on sait peu de gré à quelqu’un de remplir les devoirs de son état ; on aime mieux qu’il soit frivole. » (Article à lire ici)

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