Thursday, January 05, 2012

Citation du 6 janvier 2012

Deux précautions valent mieux qu'une.
Proverbe
Principe de précaution : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement. »
Déclaration de Rio (1992)
Heureusement qu’il y a des colloques internationaux pour nous expliquer les proverbes qui forment notre fonds ancestral de sagesse ; sans quoi on n’y comprend rien.
Car, en effet, pourquoi faudrait-il deux précautions plutôt qu’une ? Si la précaution est bonne, une seule devrait suffire. Si elle est mauvaise, laissons-la de côté.
Mais voilà : en matière de précaution, on n’est sûr de rien. Ou plutôt on est sûr que la probabilité d’avoir un inconvénient ou un accident n’est pas nulle. (1) D’où le fameux principe de précaution qui comme on le sait concerne bien autre chose que le seul environnement, tels les téléphone portables et les antennes relai ; les OGM ; et bien sûr les centrales nucléaires.
Reste que, puisque la précaution concerne des risques qui ne sont que statistiques, on ne sait pas vraiment à partir de quelle fréquence il faut déclencher le fameux principe. Faut-il renoncer au portable, ou bien seulement empêcher nos enfants de l’utiliser ? Et le maïs génétiquement modifié ? Sa présence dans les champs est-elle un risque à empêcher ? Ou bien seulement dans notre assiette ? Et du temps de la vache folle, vous avez boycotté la viande rouge ?
Bref : mon idée est qu’on est un peu hypocrite avec tout ça. L’application draconienne d’un tel principe empêcherait toute modernité, et nous reverrait à la diligence et au pigeon voyageur.
Oui, mais alors : comment dire où passe la limite entre précaution raisonnable et précaution déraisonnable ?
--> La réponse dépend de l’intérêt pour ce dont nous serions privés par une telle application : que le maïs transgénique soit interdit : bravo ! Mais que les téléphones portables deviennent muets parce qu’on a supprimé les antennes relai (ou réduit la portée de leurs émission) : là, ça ne va plus du tout.
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(1) Voir ici la distinction entre prudence, prévention et précaution.

2 comments:

Anonymous said...

Squelette doré, l'équation de la valeur de la vie humaine et des profits... où se trouve le leurre ?

A partir du moment que la question est "suggérée"- il y a FORCEMENT un risque...

Vous souvenez-vous de La catastrophe de Bhopal qui est survenue dans la nuit du 3 décembre 1984. L'explosion d'une usine Union Carbide (Dow Chemical maintenant) de pesticides a dégagé 40 tonnes d'isocyanate de méthyle (CH3-N=C=O) dans l'atmosphère de la ville.

Cet accident industriel tua officiellement 3 500 personnes, mais fit en fait entre 20 000 et 25 000 décès selon les associations de victimes1. Il y aurait eu 3 500 morts la première nuit2 et un grand nombre par la suite : la moitié dans les premières semaines et l'autre moitié de maladies provoquées par l'exposition aux gaz. Dans un article récent du Washington Post consacré aux catastrophes industrielles et notamment la marée noire imputée à BP dans le Golfe du Mexique, le journaliste Paul Farhi évoque un bilan d' « au moins 12 000 personnes » pour la catastrophe de Bhopal.

Le PDG de l'époque de l'entreprise, Warren Anderson, est accusé de « mort par négligence » pour cette catastrophe et déclaré fugitif par le chef judiciaire de Bhopal le 1er février 1992 pour ne pas s'être présenté à la Cour lors d'un procès. Il vivrait actuellement paisiblement à Long Island dans l'État de New York3.

Dixit Wikipédia
... :-(

F'(POLVU)

Jean-Pierre Hamel said...

"...l'équation de la valeur de la vie humaine et des profits"

- Tout compte fait, l'équation devrait être beaucoup plus classique, telle que " Pollueur-payeur".
Si une telle loi avait été appliquée à Bhopal, peut-être que l'Union Carbide aurait pris des dispositions un peu plus sérieuses. Non par respect de la vie humaine mais par amour de leur fortune.
Frapper là où ça fait mal, ça veut dire en général: frapper au portefeuille.