Wednesday, January 18, 2012

Citation du 19 janvier 2012

Les héros doivent toujours quitter la ville. Parce que nul n'est prophète en son pays, parce qu'il faut toujours sortir pour prêcher, et donc prêcher toujours ailleurs, et donc toujours quitter. Pour se refaire une virginité.
Christine Angot – Quitter la ville
Se refaire une virginité
Il m’arrive parfois de donner une citation uniquement parce qu’elle est un prétexte à évoquer une idée.
Aujourd’hui c’est un peu le cas : l’idée est celle de la virginité qu’on pourrait – ou non – refaire.
La question est : peut-on « refaire » une virginité – la virginité n’est-elle pas, comme la pureté dont elle est le signe, ce qu’on ne peut retrouver après l’avoir perdu ?
L’exemple étant bien sûr la virginité féminine, dont certaines cultures font encore aujourd’hui la condition de l’acceptation des femmes non mariées dans la société. Sans parler des religieux …
La preuve que la virginité est irrémédiablement perdue dans le mariage est bien que, pour la Vierge Marie, il n’a pas fallu moins de trois miracles pour sauver sa virginité (1) : vierge même mariée ; vierge après avoir été fécondée ; vierge après avoir enfanté.
Je laisserai de côté la question du sens de la perte de virginité des femmes mariées ; après tout l’enfantement est saint et le sourire de l’enfant est un reflet de celui du Seigneur.
Par contre, élargissant le sens de la virginité à la pureté morale, on pourrait se demander d’où vient cet aspect irrémédiable de sa perte : pourquoi ne pourrait-on pas, comme le suggère Christine Angot, se refaire une virginité ?
Je suggèrerai que cette impossibilité renvoie au temps de la faute : la faute morale est essentiellement temporelle, inscrite dans l’histoire du sujet. Ce qui veut dire que, pas plus qu’on ne peut remonter le temps pour modifier les évènements passés, on ne peut faire que la faute n’ait pas été commise.
C’est cela qui fait la souffrance morale et le remord cuisant : « A tout jamais tu seras celui qui a commis cette faute. Tu peux toujours te faire pardonner : ta faute sera surmontée ; ce n’est pas pour autant qu’elle sera effacée ».
Certains torturés de la conscience font le même syndrome avec l’échec : « A tout jamais tu seras celui qui a loupé son bac l’année de tes 18 ans ! »
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(1) Une gâterie pour vous, chers lecteurs : la vidéo de l’abbé Guy Pagès consacrée à la virginité perpétuelle de la Mère de Jésus. Un régal.

4 comments:

FRANKIE PAIN said...

je trouve intéressant la question par la phrase d'angot que vous poser justement dans mon billet hier je parler de virginités en évoquant
les hymens hyménées
je me suis permis de faire un lien et de mettre votre blog et ce que vous amène de débat en parlant de cela

j'ai un texte en réécriture en art du fragment
ou le sens silencieux en action est celui de la reconquête de la virginité

Jean-Pierre Hamel said...

l'art du fragment
- Intéressant. Je suis curieux de voir son "développement".
Je ne produis quant à moi pas de fragments, mais plutôt de la "petite forme" : on n'en est pas loin.

FRANKIE PAIN said...

oui nous sommes très prés j'apprécie beaucoup d'ailleurs
j'aime ouvrir sur quelques échanges qui donne de la jubilation à mes neurones
je vous envoie le paquebot à plus

FRANKIE PAIN said...

je vouus ai répondu sur mon blog et merci de m'avoir fait visite