Sunday, April 13, 2014

Citation du 14 avril 2014


La culture nous apparaît d'abord comme la connaissance de ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers.
Malraux

Pratiquons une mise à jour de cette citation : remplaçons « connaissance » par « invention et pratique » et ce sera bon.
La nature a fait l’homme comme elle a fait les autres animaux : sans savoir ce qu’elle faisait. Elle a mis au jour des espèces qui ont dévoré les autres, et puis qui se sont éteintes parce qu’elles avaient détruit tout ce qui leur permettait de survivre. Il a bien fallu que, par une autre mutation génétique, les proies deviennent capables de se reproduira plus vite que leurs prédateurs, leur fécondité étant la condition de leur survie.
L’équilibre de cette merveilleuse machine qu’est l’écologie des milieux naturels a frappé les esprits et depuis longtemps les hommes ont inventé des mythes pour en expliquer l’agencement : ainsi du mythe de Prométhée selon Platon (1).
Ce que croit Platon, c’est que l’homme ne peut être le simple fruit d’un accident de la nature (comme le serait une mutation génétique) : il lui faut, au moins pour continuer d’exister, une intelligence créatrice qui lui permette de suppléer l’absence de spécialisation de son intelligence dénuée d’instinct et également de sa « main-à-tout faire ». Une intelligence créatrice qui n’est autre que la sienne, car la culture dont parle Malraux, qui donc l’a inventée sinon lui-même ?
            Est-ce bien possible ? Revenons à Platon, et au mythe de Prométhée dont nous parlions tout à l’heure. Selon Platon les hommes se sont donné à eux-mêmes tous les artifices techniques que les animaux ont reçus de Zeus sous forme de pattes, de crocs et d’instincts. Mais il y a une chose que les hommes n’ont pas su inventer : c’est l’art de vivre ensemble. Il a fallu que Zeus leur fasse don de la Pudeur et du sentiment de la Justice pour régler la vie des Cités – sans quoi ils s’autodétruisaient en se nuisant les uns aux autres.
o-o-o
Hélas ! Les Dieux de Platon ne se dérangent plus pour nous aider : ils ont pris leur retraite depuis longtemps et débrouillez-vous ! Ce qui, soit dit en  passant, explique que ces bornes morales sautent parfois, ou soient interprétées de façon exécrable.
Bon à méditer à l’heure où la France connait un regain de xénophobie et de racisme.
Zeus au secours ! Faites que nous acceptions que notre voisin s’appelle Mohamed et notre voisine Khadija !
La suite à demain, si vous voulez bien !
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(1) Protagoras 320-321c – à lire ici, y compris le commentaire qui suit (malgré les références scientifiques qui viennent de Leroi-Gourhan en date de … 1945)

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