Thursday, April 17, 2014

Citation du 18 avril 2014


Veuillez bien comprendre combien notre politique serait simple et claire, s'il était interdit de parler ou d'écrire à ceux qui ne sont pas au moins capitaines.
Alain – 16 juin1922.
Nous retrouvons aujourd’hui Alain, le « simple soldat » qui est resté en bas de la hiérarchie pour conserver le droit de parler en soldat et éviter l’obligation de parler en capitaine. Bien sûr, l’armée n’est qu’une métaphore, et c’est une allusion à ceux qui  conservent leur liberté de parole parce que, justement, ils n’ont aucun pouvoir. Car ceux qui ont reçu leur pouvoir de la main d’un maître ne peuvent faire usage de cette liberté sous peine de dégringoler en bas de l’échelle…
16 juin 1922… Il y a maintenant presque un siècle et la situation n’a guère évolué. Pire encore : elle est devenue l’objet d’une science et les coaches qui l’enseignent se parent de la gloire de son efficacité et de sa bienséance. Ceux qui l’enseignent et qui apprennent à « parler en capitaines » sont les spécialistes en communication, ceux qui confectionnent des « éléments de langage » à l’intention des responsables et des militants. On critique souvent la langue de bois (1) et le politiquement correct : mais ce n’est encore que demi mal. Car les éléments de langage font de nos ministres et de leurs directeurs de cabinets des perroquets dont les déclarations se répétant de micros en micros identiques à la virgule près, exaspèrent ou font rire selon l’humeur.
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Maintenant, observons ce paradoxe : Alain refuse de monter en grade pour garder une liberté que d’autres, du fait de leur puissance n’ont plus : plus je suis puissant et moins je peux jouir de ma liberté. Et ça dépasse largement la liberté de langage, puisqu’on a vu que le Président Hollande ne pouvait rejoindre nuitamment sa maitresse sans que ça déclenche des catastrophes.
Là encore, La Fontaine nous avait prévenus : méfiez-vous du pouvoir quand vous le recevez de la main d’un Maître. Méfiez-vous de ce qu’il vous faudra faire pour le payer :
« Chemin faisant il [=le loup] vit le col du Chien, pelé : / Qu'est-ce là  ? lui dit-il.  Rien.  Quoi ? rien ? Peu de chose. / Mais encor ?  Le collier dont je suis attaché / De ce que vous voyez est peut-être la cause. / Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas / Où vous voulez ?  Pas toujours, mais qu'importe ? /  Il importe si bien, que de tous vos repas / Je ne veux en aucune sorte, / Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. / Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor. » Jean de La Fontaine – Le loup et le chien

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(1) Tout sur la langue de bois ici.

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