Tuesday, April 22, 2014

Citation du 23 avril 2014


Le repliement dans le silence exprime une exigence de pure spiritualité, un effort vers l'humilité et le renoncement... Les juifs… n'ont pas eu à se réfugier dans le silence, ils ont toujours été les juifs du silence… (Voir citation complète en Annexe)
Vladimir Jankélévitch – Quelque part dans l'inachevé

Il y a deux formes de silence : celui de la spiritualité (la minute de silence) ; et celui de la discipline imposée (Silence dans les rangs !).
Jankélévitch parle ici du silence dans la musique, qu’on peut rencontrer également sous ces deux formes : le silence dans un nocturne de Chopin, et le silence que le pianiste réclame des auditeurs victimes de bronchite.
On pourrait encore espérer trouver une réunion des deux dans le silence comme règle imposée aux moines : volonté d’imposer le face à face méditatif avec Dieu à chaque instant de la journée.
Reste qu’un mot qui désigne des réalités différentes peut bien cacher deux significations totalement différentes sous une seule forme : c’est le cas de l’homonymie selon Aristote. Qu’y a-t-il de commun entre le silence de la spiritualité et le silence du « juif du silence » ?
On dira qu’à tout le moins, le silence est toujours coupure, séparation, isolement (j’allais dire : « isolation »). Par le silence nous nous retranchons – ou nous sommes retranchés. Retranchés du monde, et retranchés des autres.
Simplement, dans un cas il y a retour sur soi ; et dans l’autre privation de l’extérieur. Et bien sûr le second peut être la condition du premier.
C’est là que le silence imposé est souffrance : mais non pas parce que nous aurions besoin des autres pour être nous-mêmes. Bien au  contraire ! Comme le disait Pascal, être face à face avec nous-mêmes, voilà ce qui nous fait horreur.
- Allô ? Tu m’entends ? Oui, je suis dans le bus…
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Annexe :
Le repliement dans le silence exprime une exigence de pure spiritualité, un effort vers l'humilité et le renoncement. Cette exigence et cet effort sont particulièrement caractéristiques de l'esprit de la Réforme. Les juifs ne ressentent pas l'exigence ascétique et cathartique de la même façon puisqu'ils ont été en quelque sorte condamnés au silence par leur destin immémorial ; ils n'ont pas eu à se réfugier dans le silence, ils ont toujours été les juifs du silence… (Jankélévitch)

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