Monday, April 14, 2014

Citation du 15 avril 2014


La culture nous apparaît d'abord comme la connaissance de ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers.
Malraux
Hier commentant le rôle de la culture dans l’aventure humaine nous rappelions le scepticisme de Platon : selon lui, Zeus a été obligé de compléter les inventions techniques qui permettent aux humains de survivre, en leur imposant les bornes de la Pudeur et de la Justice pour éviter les guerres et les massacres par les quels l’humanité se détruisait elle-même. (1)
Mais il y a deux choses que Platon a oubliées de dire :
1 – Il n’a pas songé que la sagesse manquait encore aux hommes (sans doute était-ce trop évident pour avoir à le rappeler) : « Rien de trop » telle était la devise des sages Grecs et on voit bien aujourd’hui encore combien rares sont les hommes qui la respectent. Autrement dit, ce qui nous manque, c’est le respect de la juste-mesure : quoi de plus évident aujourd’hui ? Quand donc aurons-nous eu assez ? Assez d’argent, assez de profit, assez de jouissance, assez de vengeance ?
2 – Ajoutons qu’à son époque, Platon ne voyait pas de danger pour l’homme en dehors des rapports qu’il entretenait avec ses semblables. Mais aujourd’hui il ajouterait sans doute volontiers les risques liés à notre rapport avec l’environnement : déforestation, dénaturation du climat, destructions de la faune, de la flore, empoisonnement de l’air et de l’eau…Rien de tout cela ne serait possible sans l’extraordinaire essor des techniques que nous avons  inventées grâce à Prométhée.
Rien de trop… Comment retrouver le sens de la juste mesure ? Comment savoir que nous devons avancer jusqu’à ce point et pas au-delà ?
Mais on l’a dit : comment s’étonner que nous ignorions ce principe, alors même que les Grecs de l’Antiquité avaient besoin des pires menaces pour le respecter ? Les Tragédies de leur époque le répètent systématiquement : l’hubris (= la démesure) est la faute qui est punie le plus systématiquement et le plus férocement par les dieux ; car sans cela des crimes sans limite dans l’atrocité étaient commis (2). Imaginez un peu ce que cela peut donner quand c’est à la Terre qu’on s’en prend ?
o-o-o
Hier, nous appelions Zeus au secours de notre voisin de palier – aujourd’hui ce sont tous les Dieux de l’Olympe qu’il faudrait convoquer pour sauver la Planète.
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(1) « Quand ils étaient rassemblés [dans des Cités], ils se faisaient du mal les uns aux autres, parce que la science politique leur manquait… » (Platon – Protagoras 321a).
(2) Voir le festin qu’Atrée servit à son frère Thyeste : Atrée non seulement tua les deux des fils de Thyeste mais aussi les fit bouillir dans un chaudron et les servit à leur père, au cours d’un banquet. Lorsque Thyeste eut mangé l'horrible repas, Atrée fit apporter le plat contenant les têtes sanglantes des deux enfants.

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