Il n'y a pas de problèmes; il n'y a que des solutions.
L'esprit de l'homme invente ensuite le problème.
Gide
Le savant n'est pas l'homme qui fournit les vraies réponses;
c'est celui qui pose les vraies questions.
Lévi-Strauss
Qu’est-ce qui vient en premier : le problème ou la
solution ? Ne répondez pas trop vite, vous pourriez le regretter.
Selon Gide, nous rencontrons d’abord des solutions et puis
nous remontons au problème qui en est la source. Bien sûr, si on demande :
« Mais comment savoir que telle situation est une solution si on ne sait
pas qu’elle découle un problème ? » la réponse devra faire intervenir
une démarche scientifique particulière (cf. ici). Mais il semble que Gide ne
pense pas spécialement à une telle méthode : il paraît songer au fait que seuls
des esprits torturés par une pathologie psychologique (à moins que ce ne soit
par la philosophie !) peuvent s’ingénier à trouver des difficultés là où
tout va bien.
Lévi-Strauss nous aide à remettre les choses à leur
place : une réponse n’a d’intérêt que si nous savons quel domaine elle
éclaire. La recherche scientifique est faite d’une telle investigation :
ainsi Torricelli qui, avant de répondre à la question des fontainiers de
Florence : « pourquoi la pompe ne permet-elle pas de faire monter l’eau
du puits quand il plus profond que 10m ? », doit d’abord poser le
vrai problème : « quelle est la force qui s’exerce sur la surface de
l’eau pour empêcher le vide de la pompe de la faire remonter ? »
Comme on le voit, la bonne question est celle qui non seulement peut être résolue,
mais aussi qui nous permet de comprendre quelle est la portée de cette réponse.
Revenons à Gide maintenant. Il y a deux sortes de
problèmes : ceux qui enrichissent mon intelligence et ceux qui l’obscurcissent.
Bien sûr, si je m’inquiète en voyant des nuages et que du coup je me dis :
« Tient ! On dirait qu’il va y avoir de l’orage… », je
transforme les nuages en signes qui réfèrent à une pluie abondante – mais du
coup je peux quand même anticiper et prendre mon parapluie. Mais si, quand je
me ramasse la pluie sur la figure, je me demande : « Qu’est-ce que
j’ai fait pour mériter ça ? » alors là j’ai la seconde catégorie de
question.
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