Wednesday, June 03, 2015

Citation du 4 juin 2015

Un beau-père aime son gendre, aime sa bru. Une belle-mère aime son gendre, n'aime point sa bru. Tout est réciproque.
La Bruyère Les Caractères (1696), 45, V, De la société et de la conversation
« Tout est réciproque », belle-mère et bru sont donc au moins d’accord sur une chose : la détestation de l’autre.  Petite remarque fielleuse qui tombe juste à la fin alors qu’on ne s’y attendait pas : In cauda venenum… (1)
Laissons de côté l’affirmation de l’amour de la même belle-mère pour son gendre alors que selon une tradition bien établie celui-ci la déteste (c’est pour elle qu’il a inventé les « coussins de belle-mère »). Je n’ajouterai pas non plus de commentaire à propos de la rivalité au sein de la famille entre mère et belle-fille : comme si c’était sa place de mère qui venait à être prise par l’épouse de son fils. C’est un fait que de nos jours, la modernité fait que les mères (belles ou pas) vieillissantes n’ont guère de chance de rivaliser avec jeunes femmes qui ont épousé leur fils.
Par contre, j’aimerais revenir sur l’idée qu’en matière d’amour ou de détestation, tout est réciproque. J’aime qui m’aime, et pas question de savoir qui a commencé : ça marche comme ça et voilà tout.
Tout irait pour le mieux quand il s’agit d’amour : (+)+(+)=++. Oui, mais quand on ne s’aime pas du tout : (-)+(-)= - -. C’est l’enfer !
Le problème il est vrai n’existe que lorsque des liens extérieurs contraignent à rester proche de ceux qu’on déteste. Ainsi des familles, quand, avec la venue des enfants, la mère et la grand-mère se penchent sur le même berceau. Car là, la modernité ne joue pas – ou beaucoup moins. Quand le petit a des coliques, rien à faire : ce sont toujours les mêmes recettes qui marchent.
Toutefois  il y reste des domaines dans les quels les jeunes mères peuvent en remontrer à leurs ainées : c’est celui des allergies, quand on doit moduler de façon scientifique l’introduction des aliments selon l’âge de l’enfant (pas de fruitsà coque avant « x » mois ; pas de chocolat avant…). Là est  le vrai domaine de l’ukase, de l’interdit strict, dans la quel la moindre erreur vous disqualifie à jamais.
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(1) « Se dit d’un texte ou d’un discours débutant gentiment, ce qui relâche le lecteur, et finissant soudainement sur un ton tranchant et méchant » (Art. Wiki.)

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