Wednesday, June 24, 2015

Citation du 25 juin 2015

Toutes les intelligences sont égales ;
Qui veut peut ;
On peut enseigner ce qu’on ignore ;
Tout est dans tout, etc.
Joseph Jacotot – Les 4 principes de l’enseignement universel (1818)
Voilà donc huit ans Post du 20 mars 2007  que j’ai publié cette note sur l’enseignement de Joseph Jacotot tel que révélé par Jacques Rancière (1). Huit années où dans l’école rien – ou presque –  n’a bougé, pas plus semble-t-il que pendant les deux siècles qui nous séparent de la publication de cette méthode.
A quoi bon répéter encore les mêmes choses ? A quoi bon dénigrer une fois de plus les prétentions de la science dite « pédagogique » ? A quoi bon désespérer les maîtres débutants qui pensent qu’enseigner s’apprend et qu’il y a des IUFM pour cela ?
Si je reviens sur ces questions, c’est que le débat sur la réforme des collèges m’a un peu échauffé : à chaque fois, il s’agit de s’avoir si on doit prendre soin des meilleurs (latin-grec-allemand) plutôt que des plus faibles (lecture-anglais), ou le contraire ? La thèse de Jacotot est complètement à l’écart de cela : le maitre doit considérer l’élève comme son égal, en non chercher à savoir si celui-ci comprend plus vite que celui-là.
Il est vrai que Jacotot neutralise quelque chose qui nous semble aujourd’hui essentiel : l’environnement socio-culturel de l’élève. Pour lui, le rapport maitre-élève commence entre les quatre murs de la classe et seulement quand il y a pénétré. C’est ainsi qu’il conçoit ce rapport de volonté à volonté sans le quel l’éducation ne fonctionne pas.
Alors, de nos jours on a remplacé ce rapport par la notion de motivation, qui suppose une amorce de volonté chez l’élève, afin de prendre appui dessus (2). Au fond, on ne cherche pas à violenter la nature : on la prend telle qu’elle et on la cultive comme ferait un jardinier avec une fleur exotique. Jacotot n’a pas de tels scrupules : la seule façon digne de faire de l’enseignement, c’est de prendre l’élève comme un être humain à part entière, c’est à dire doué d’une volonté et d’une intelligence. On voit bien qu’on a affaire à deux approches radicalement différentes.
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(1) Voici le texte tel que présenté par Jacques Rancière :
1 « C’est un maître qui enseigne - c’est-à-dire qui est pour un autre cause de savoir - sans transmettre aucun savoir »
2 « la " transmission du savoir " comprend en fait deux rapports intriqués et qu’il convient de dissocier : un rapport de volonté à volonté et un rapport d’intelligence à intelligence »
3 « le maître ignorant n’exerce aucun rapport d’intelligence à intelligence. Il est seulement une autorité, seulement une volonté qui commande à l’ignorant de faire le chemin, c’est-à-dire de mettre en œuvre la capacité qu’il possède déjà, la capacité que tout homme a démontrée en réussissant sans maître le plus difficile des apprentissages : celui de cette langue étrangère qu’est pour tout enfant venant au monde la langue dite maternelle ».
4 - « Postulat de l’égalité des intelligences : le maître et l’élève sont à égalité dès lors que l’un veut être compris de l’autre. Le reste est affaire d’autorité : il faut contraindre l’élève à faire l’effort de chercher à comprendre. »
Sur tout cela, voir le Post du 20 mars 2007, Annexe. On peut aussi consulter l’article de Wiki.

(2) Cf. le livre de Rolland Viaud, La motivation en contexte scolaire (à lire en ligne ici).

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