Saturday, April 16, 2011

Citation du 17 avril 2011

« Quand j’ai bien travaillé toute la journée, j’aime à être bien foutue le soir », disait Mme Pipelet à M. Girard, son amant, et elle se mettait à quatre pattes pour faire cela… [Ce] propos me semble bon et succulent de comique.

Stendhal – Journal du 9 octobre 1805 (éd. Folio, p. 380-381)

Nous sommes dimanche, jour de détente : une polissonnerie en passant ça vous va ?

Non ? Vous voulez du sérieux ?

- Du sérieux et du lourd ? Parce que si c’est ça, je peux développer cette citation en référence aux goulags soviétiques où les hommes étaient séparés des femmes mais pouvaient avoir des rapports sexuels dans certaines conditions : seuls les meilleurs travailleurs pouvaient s’unir avec les meilleures travailleuses. Les hommes étaient poussé au travail dans l’espoir de satisfaire leur libido ; les femmes dans l’espoir de « tomber » enceintes et d’être ainsi dispensées de travail le temps de leur grossesse. Alors sans doute elles pouvaient dire : « Quand j’ai bien travaillé toute la journée, j’aime à être bien foutue le soir » : mais avouez que ce n’était pas très drôle.

- Du pas sérieux et du léger ? Oui, mais pas trop léger quand même. Rappelons qu’en 1805, Stendhal a 22 ans et qu’il consacre l’essentiel de sa vie au théâtre (1). Il s’imagine auteur de pièces de théâtre – et donc aussi auteur de comédies. Or, pour un tel auteur la situation comique est essentielle : situation qui prend naissance sur la scène, qui s’y développe, mais qui se poursuit par les non-dits et les non-montrés, donc dans l’imagination des spectateurs.

Pour être d’un comique succulent, la citation rapportée ici ne doit pas être mise en scène : on ne veut pas voir Mme Pipelet à quatre pattes avec ses jupes rabattues sur la tête.

Car c’est cela le comique : il doit être dans l’imagination, et on ne doit donc pas tout montrer.

En tout cas, avouez que ce théâtre là ce n’est pas exactement le théâtre romantique tel qu’on l’aurait imaginé.

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(1) Au théâtre… et aux actrices.

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