Monday, April 25, 2011

Citation du 26 avril 2011



Sache donc cette triste et rassurante chose / Que nul, Coq du matin ou Rossignol du soir, / N'a tout à fait le chant qu'il rêverait d'avoir !

Edmond Rostand – Chantecler


Voilà de ces consolations dont les Citations-du-jour ont l’habitude de nous abreuver. Ça dit à peu près ceci : si tu n’es jamais content de toi, sache que ceux qui devraient l’être – comme le rossignol de son chant – ne le sont pas non plus. Peut-être que pour les autres tu es toi aussi une incarnation de la perfection – toi le mécontent de toi-même.

Quand je dis « les Citations-du-jour apportent de la consolation à leurs lecteurs», il ne s’agit pas de la nôtre. Car quant à nous, nous n’en avons que faire.

Pourquoi alors citer Chantecler ? Eh bien, tout simplement pour avoir l’occasion de dire quelque chose du chant des oiseaux. Voilà qui est poétique, n’est-ce pas ?

Eh bien non ! Foin de la poésie ! Le chant des oiseaux est une identification de l’individu à l’espèce, c’est tout. Les rossignols chantent comme les corbeaux croassent : pour que leurs congénères les reconnaissent.

Ce n’est d’ailleurs pas spécifique aux oiseaux : les louveteaux passent des nuits entières à hurler avec la meute pour apprendre leur modulation spécifique, celle qui ne ressemblant à aucune des autres meutes lui permettra de ne pas se faire étrangler par les siens quand il les rejoindra.

Car les oiseaux, tout comme les loups, apprennent leur chant, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le dressage permet dans certains cas de leur faire imiter des bruits – ou des chants. Je me souviens d’un ornithologue qui avait appris à un jeune oisillon (de quelle espèce ? je ne sais plus) à siffler le God save the Queen qui était devenu son « chant » normal. Cet homme disait dans un soupir que le malheureux ne pourrait s’accoupler qu’à une femelle connaissant également l’hymne britannique.

Qu’est-ce que Chantecler aurait trouvé à dire là-dessus ? Peut-être qu’on n’a pas le droit de polluer un hymne national en le plaçant dans la gorge d’un oiseau…

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