Sunday, April 03, 2011

Citation du 4 avril 2011

Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit.

Confucius

Gratuité III

[Gratuit - Qui est fait sans but déterminé, qui constitue une fin en soi; qui ne sert à rien.]

Aujourd’hui, j’envisage le dernier sens donné par le TLF au concept de gratuité. Et il faut avouer qu’on a un peu l’impression qu’ils ont fourré là-dedans tout ce qui restait : 1 - sans but déterminé ; 2 - qui constitue une fin en soi ; 3 - qui ne sert à rien.

Un vrai bric-à-brac sémantique !

Quoique… On peut sans doute réduire la polysémie, voire même en tirer des conclusions bien intéressantes. Je m’y attellerai peut-être un jour prochain, pour le moment, je retiens que cette idée de gratuité concerne un acte que l’on fait sans viser un but précis et extérieur à l’acte lui-même : un acte gratuit est un acte qui n’est pas un moyen d’atteindre une fin autre que lui-même.

Illustrons l’idée avec cet exemple (trouvé chez Aristote) :

- Je travaille pour obtenir un salaire, ou un statut social, ou pour modifier la nature. Le travail n’est pas un acte gratuit. On vivrait très bien sans travailler si nous avions tout ce qui nous est nécessaire sans avoir besoin le faire.

- Maintenant supposons que je fasse de l’exercice physique ; c’est pour conserver la santé, parce que la santé est la condition du bonheur. Et être heureux, c’est précisément une fin en soi, qui répond à une exigence de la nature humaine : donc à la différence du travail, l’exercice physique, à condition qu’il ne fasse qu’un avec la santé et avec le bonheur, est un acte in fine gratuit. (1)

Mais tout cela ne fonctionne pas avec la thèse de Confucius : celle-ci suppose qu’on ne fasse pas de distinction entre la conséquence indirecte (l’action est un moyen par nature extérieur au but poursuivi), et la conséquence directe (l’action est solidaire du but recherché).

Et alors ?

- Alors, chez nous on fait la différence entre la contrainte personnelle et la contrainte extérieure : la première est compatible avec la liberté ; la seconde ne l’est pas. Et cette distinction n’a pas de sens pour un chinois confucéen. Sans doute pas plus que l’idée de liberté individuelle.

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(1) J’en vois qui grimacent parce que selon eux l’exercice physique est fatiguant et tout comme le travail ils s’en passeraient bien s’ils pouvaient conserver la santé sans cela. Alors ? Ils ne savent pas que les marathoniens sont shootés aux endorphines ? Certains l’appellent même l'hormone du bonheur pour le coureur à pied…

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