Friday, April 27, 2012

Citation du 28 avril 2012


Quand on m'enterrera, je veux qu'on écrive sur ma tombe : ELLE COMPTAIT A SES PROPRES YEUX.
Elsa Lewin – Moi, Anna. (Citation trouvée sur Les Grigris de Sophie)
A quoi bon une épitaphe ? En ferez-vous graver une sur votre tombe ? Pourquoi faire ? A qui serait-elle adressée ?
Je suppose qu’on ne se pose jamais ces questions, parce qu’on estime qu’elles ne se posent pas. Une tombe est une tombe, et tout ce qu’on écrit dessus prend d’un coup un sens formidable, simplement parce que c’est là.
Pour ceux que ce genre d’argument n’impressionne pas, quelques remarques s’imposent :
- Une épitaphe, si j’en crois le dictionnaire est : une inscription mise sur un tombeau pour rappeler le souvenir d'une personne morte (soit par la simple mention de son nom, de ses dates, soit par un texte évoquant souvent de façon élogieuse sa personnalité ou les principales étapes de sa vie). (Source : TLF).
            - Le « pourquoi ? » de l’épitaphe est donc de signifier la vie de la personne ici ensevelie.
            - Elle s’adresse au passant qui la lit.
Passons maintenant à l’essentiel : est-ce donc une façon élogieuse d’évoquer la personne en question que de dire : ELLE COMPTAIT A SES PROPRES YEUX. ? Ne s’agit-il pas d’un banal narcissisme, ou – pire encore – d’un insupportable d’orgueil?
C’est là que l’épitaphe joue son rôle : si quelqu’un a cru bon mettre ça sur sa tombe, c’est que ça veut dire autre chose…
Comme par exemple, que pour compter vraiment, il n’est pas indispensable d’être un surhomme ou une superfemme, mais qu’au moins on sache qu’on a le devoir de s’efforcer de l’être. Que ce qui compte, c’est l’idée qu’on se fait de soi-même.
Certes, ça ne nous rendra pas heureux pour autant. Mais on pourra au moins avoir de l’estime pour soi-même – du moins pour le « soi-même » qu’on imagine inséré tout au fond de notre âme.
Oui, mais si cette icone qui est au fond de nous y est restée bloquée ? Si on n’est pas arrivé à grand-chose au cours de notre vie, avec un pareil projet ne risque-t-on pas de se sentir vraiment minable ?
Peut-être. Mais même dans ce cas, on peut encore avoir de l’estime pour soi.
Car, comme le disait Nietzsche : L’homme qui se méprise s’estime de se mépriser.

1 comment:

Sophie said...

J'ajoute bien sûr votre post au mien !
Sophie (des Grigris)