Wednesday, April 04, 2012

Citation du 5 avril 2012

L'expérience est une lanterne accrochée au dos qui éclaire le chemin déjà parcouru.

Confucius

Après le passé qui répond de l'avenir (vu hier), voici le passé qui n’éclaire que … le passé : de quoi dialectiser joyeusement.

En effet : pourquoi le passé nous intéresse-t-il ? Est-il comme le pensait Nietzsche l’objet de la stérile passion du collectionneur de faits révolus, l’historien antiquaire ? Ou alors doit-on croire que le passé préfigure l’avenir en projetant sur lui l’ombre de nos erreurs déjà accomplies ?

Tout le problème réside dans la répétition : Confucius parle évidemment de l’expérience vécue – irrépétable et non de l’expérience scientifique dont on n’avait à son époque nulle idée.

- L’expérience scientifique est élaborée pour être répétable dans des conditions soigneusement définies.

- L’expérience vécue, riche de toute l’épaisseur de l’existence individuelle ne permet pas de la réitérer : prétendre refaire la même expérience, c’est croire, comme le disait Héraclite qu’on pourrait se baigner deux fois dans le même fleuve.

De ce point de vue, l’histoire ne nous apprend rien d’utile pour affronter l’avenir : les époques changent, les hommes meurent et sont remplacés par d’autres, les aléas sont par nature différents et imprévisibles ; si l’historien n’est pas un antiquaire, c’est qu’il est un narrateur qui dégage son récit du foisonnement des évènements. Lisons-le comme on lit un roman – ou plutôt comme on lirait le journal du grand-père qui a vécu la Grande Guerre.

Toutefois, les historiens ont dès l’origine mis le doigt sur un point délicat : l’histoire est l’effet de l’action humaine, elle met en relief sa responsabilité. En ce sens elle se distingue de la mythologie (qui donne les rôles principaux aux ancêtres fondateurs) ou de la tragédie (ici ce sont les Dieux qui agissent).

Il se peut alors que l’homme qui fabrique son avenir soit un simple représentant de l’espèce humaine. Car, ce que nous enseigne l’histoire, concernant notre avenir, tient non pas à ce qui change, mais plutôt à ce qui ne change pas : la nature humaine ; c’est elle que nous révèlent les évènements passés.
Ce qui nous choque et nous étrangle d’angoisse, dans de cas des camps de la mort, c’est que les nazis étaient des hommes comme nous ; ils étaient cultivés, récitaient Goethe et fondaient en larmes en écoutant la Mort de Siegfried

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