Le superflu des riches devrait servir pour le nécessaire des pauvres, mais tout au contraire, le nécessaire des pauvres sert pour le superflu des riches.
Jean Domat (1625-1696) – Pensées
Robin des bois fait marche arrière.
On peut penser que la réflexion désabusée de Domat, valable au XVIIème siècle, a cessé d’être vraie dans les sociétés modernes comme la nôtre. Après tout, si on a fait la Révolution, c’est bien pour supprimer cette iniquité.
Détrompons-nous : les pauvres n’ont pas cessé de payer pour les riches, et même la démocratie et le progrès social n’y ont rien fait. Tout au plus dira-t-on que les inégalités sociales fautes de disparaître ont été atténuées dans leurs effets par la hausse générale du niveau de vie.
Peut-on démontrer que l’exploitation de l’homme (= les pauvres) par l’homme (= les riches) n’a pas fini de ravager l’humanité en général, et notre société en particulier ?
Bien sûr, et on trouve aujourd’hui dans des journaux américains des exemples concrets de transfert de richesses des plus pauvres vers les plus aisés, tellement probants que leurs journaux ont trouvé pour désigner cette pratique un titre ravageur : « Robin Hood in reverse » (ce que mon traducteur automatique a intelligemment (pour une fois) traduit par « Robin des Bois en marche arrière »).
Trois exemples (puisés dans la presse américaine) :
1 – La décision de la cour d’appel de New-York expropriant des petits propriétaires afin de permettre à un important promoteur de construire « 16 mammoth skyscrapers ». (lire ici)
2 – Les subventions affectées aux hôpitaux les plus performants pourraient bien favoriser les hôpitaux des grands centres et défavoriser ceux qui étant implantés dans les zones les moins favorisées accueillent les plus d’indigents. (2)
Bon, je vous sens un peu réticent : après tout qu’est-ce qui prouve que les hôpitaux les plus efficaces sont en même temps implantés dans les quartiers les plus riches ?
Alors lisez ce qui suit, toujours emprunté à la meilleure presse américaine :
3 – Il existe des cartes de crédit qui reversent à leurs utilisateurs un certain pourcentage du montant de leurs achats. Bien sûr, cela a un coût, financé comme il se doit par les utilisateurs eux-mêmes. Seulement, comme ces cartes sont plus chères que celles qui n’offrent pas cet avantage, et que les pauvres utilisent spécialement ces dernières, il se trouve que les primes versées aux bénéficiaires de cartes à bonus sont aussi prélevées sur les cartes sans avantage – il y a donc transfert des pauvres vers les riches (3).
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(1) Conclusion de cet article: « The government now has license to transfer property from those with fewer resources to those with more. »
(2) « Payment based on performance may worsen inequalities, as hospitals in under-resourced areas lose funds to their better-off counterparts, with the government acting as a sort of reverse Robin Hood. »
(3) « The Federal Reserve Bank of Boston released a study showing rewards credit cards actually pay the rich by taking from the poor. » (lire ici)
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