Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan. L'invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre.
Charles Baudelaire – Mon cœur mis à nu
Il y a une joie à descendre vers l’animalité, à s’enfoncer dans les entrailles de l’enfer….
Bien des poèmes de Baudelaire s’expliquent à partir de ce postulat. Et sans doute aussi Rimbaud (qui n’a pas écrit pour rien Une saison en enfer).
Il faudrait sans doute se contenter de relire ces poèmes sous cet angle – mais à côté de ce contact avec les œuvres, essayons tout de même de rencontrer la pensée.
Ce que je comprends de la pensée de Baudelaire, c’est que la foi – voire même le mysticisme – tout comme la jubilation satanique sont des sentiments – que dis-je ? ce sont des aventures de l’esprit.
La foi, chacun le sait, ne se résume pas à une simple croyance comme de dire « Je crois en Dieu, parce que sans ça, ma vie n’a plus de sens. ». Non. La foi est un sentiment qui élève l’âme de telle sorte que par lui – et par lui seul – elle se trouve au contact du divin. C’est donc bien une aventure.
Le satanisme, quand il n’est pas un banal blasphème est aussi l’expérience d’un délire, qui développe un paroxysme des sentiments. (1)
Bien. Quand donc on a compris ça, il ne reste plus qu’à évaluer le degré de satisfaction apporté par chacun de ces sentiments.
Baudelaire, faisant du premier d’avantage l’expression d’un orgueil bien bourgeois (l’âme qui s’élève monte en grade), valorise l’aventure du satanisme – ou de l’animalité (joie de descendre).
Pour Baudelaire, la poésie est l’expérience qui nous permet d’attendre un autre grand voyage, celui de la mort (2). Mais pour les impatients qui n’ont pas la fibre poétique, il reste à s’animaliser ou à aller les nuits de pleine lune à la croisée des chemins. (3)
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(1) Qu’on se reporte aux illustrations de ce Post – La femme crucifiée est bien un thème satanique, traité comme un simple blasphème par Bettina Rheims, il devient expérience hallucinante dans le tableau de Félicien Rops.
(2) Mort, vieux capitaine….
(3) Voir illustration ici
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