L'absolu, s'il existe, n'est pas du ressort de nos connaissances; nous ne jugeons et nous ne pouvons juger des choses que par les rapports qu'elles ont entre elles.
Buffon – Histoire naturelle des animaux
Il n'y a qu'une maxime absolue, c'est qu'il n'y a rien d'absolu.
Auguste Comte – Catéchisme positiviste
Absolu 1
Petite leçon de vocabulaire : que signifie le mot « absolu » ?
Si cette question vous laisse sans voix, retenez cette recette, elle pourra peut-être vous servir un jour : quand on vous demande de définir un terme, commencez par dire à quel autre terme il s’oppose.
Ainsi de l’absolu, qui par opposition à relatif, signifie : ce qui est sans relation, sans cause, sans effet – du moins sans justification à partir de ses effets – et sans condition.
Toute connaissance consistant à établir un rapport entre deux choses – ainsi que le montre la citation de Buffon – on en déduira que l’absolu, s’il existe, échappe à notre savoir.
C’est ainsi également que Montesquieu débute l’Esprit des lois (I,1) par la définition suivante : Les Lois, dans la signification la plus étendue, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ; & dans ce sens tous les êtres ont leurs lois, la divinité a ses lois, le monde matériel a ses lois, les intelligences supérieures à l’homme ont leurs lois, les bêtes ont leurs lois, l’homme a ses lois.
Toute loi physique est en effet l’énoncé d’un rapport entre des phénomènes (de la pression avec la température, de la masse avec la vitesse, etc…), et nous dirons la même chose des lois civiles dans la mesure toute fois où elles prétendent à une certaine « vérité ». (1)
Ceci étant posé, on arrive alors à comprendre le relativisme d’Auguste Comte.
--> Comte ne nous dit pas : La vérité ? Ça dépend… Ça, pour vous, c’est faux, mais pour moi, c’est vrai. Ce genre de raisonnement est un dispositif anti emm… que les élèves utilisent ad nauseam à l’encontre de leur prof de philo – ce qui les dispense de toute réflexion et de toute argumentation.
Ici, par contre, il s’agit de réfuter la prétention à connaître les choses en elles-mêmes, dans leur nature ou dans leur essence. Cela, pour Auguste Comte, c’est le propre de savoir « théologique » ou « métaphysique », « Alors que l'esprit métaphysique recourt à des concepts éternels et universels, qu'il ne soumet pas à la réalité, l'esprit positif confronte les hypothèses au monde réel. » (Wikipédia – lire la suite ici)
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(1) On a fait grief à Montesquieu de plaquer les lois civiles (qu’il étudie dans son ouvrage) sur cette définition des lois physiques (= les lois civiles expriment alors de rapports eux aussi nécessaires). Mais après tout, n’est-ce pas une précaution très utile ? Savoir que nos lois n’ont une part de vérité que par la convenance qu’elles ont avec les circonstances, avec l’intention, avec les effets obtenus, n’est-ce pas ce qu’on désigne aujourd’hui par le terme de « pragmatisme » ?
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