« Passants – souvenez-vous que nous avons été ce que vous
êtes ; et que vous serez un jour ce que nous sommes. »
Inscription au
portail du cimetière de Fouillouse (village de l’Abbé Pierre)
J’avais jadis consacré un Post à cet avertissement,
traité maintes fois par différentes sources. Je n’y reviens pas.
Je voudrais seulement évoquer les conditions dans lesquelles
j’ai croisé (sic) ce portail de cimetière, érigé dans un hameau semi-désertique
au fond de la haute vallée de l’Ubaye, accessible par une route escarpée et
dangereuse – lieu que jamais personne ne
viendrait visiter si la famille de l’abbé Pierre n’en était originaire, et si
l’Abbé lui-même n’y était souvent revenu.
Il faut donc imaginer les difficultés de la route et le
soulagement éprouvé pour être arrivé entier dans ce lieu escarpé. Et puis aussi
la vague angoisse liée à la barre rocheuse qui ferme l’horizon, coupant ainsi
toute velléité de fuite – imaginant du coup les souffrances endurées par le
malheureux père du futur abbé qui a bravé les sentiers escarpés pour aller
chercher sa pitance ailleurs.
… Et voilà que passant innocemment devant ce cimetière,
vous êtes interpellé par les morts – oui, les morts ! – qui vous appellent
comme dans une danse macabre, à venir parmi eux, puisque votre place est déjà
retenue…
Memento mori…
Je sais bien que l’avertissement se trouvait autrefois partout, y compris dans
les banquets. Mais si nous ne le supportons plus aujourd’hui – ou du moins plus
si aisément – si nous ne savons que rejeter ce conseil d’un haussement
d’épaule, c’est que nous sommes devenus des vivants « immortels ».
Oh, bien sûr, nous mourrons un jour, ça c’est évident. Mais nous refusons d’en
faire l’horizon de notre vie : la mort n’est plus un horizon, simplement
parce qu’il n’y a plus rien derrière. Mais en même temps, elle est angoissante parce
qu’elle anéantit nos valeurs : à quoi bon vivre, si nous devons
disparaitre – avec tout ce que nous
aimons ?
Les habitants du hameau de Fouillouse, eux ne se posaient
peut-être pas de questions métaphysiques. Mais au moins ils savaient de façon
certaine qu’après leur mort il y aurait quelqu’un pour les accueillir au ciel.
Quant à nous, personne ne nous attend plus au Ciel :
ni notre père – ni le Père Éternel.
3 comments:
belle densité mon cher jean pierre
je reviens dimanche lire
merci de votre visite
pas mal l'inscription
...
et belle photo
je suis sur que c'est vous l'auteur.
Je vous fais un beau bisous
j'ai gagné c'est une photo de vous
vous ne faites jamais les photos sans parole.
alors superbe non ! et la fin
moi je crois que l'on m'y attends
monsisuer le Philosophe c'est la différence de nos métiers qui font çà
gros bisous de week end
je crois que l'on m'y attends...c'est la différence de nos métiers qui font çà
- Ah ! Chère Frankie, comme j'aimerais être le philosophe installé sur son perchoir et qu'on vient consulter... Mais ce n'est pas le cas... En plus, du temps où j'étais prof, c'est moi qui attendais mes élèves sécheurs de cours plutôt que le contraire...
Très bon dimanche,
J-P
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