Citation du 16 avril 2012

La misanthropie est presque toujours une grande vanité cachée sous une peau de hérisson.

Balzac – Pensées

Comment peut-on être misanthrope ? Quel sens se cache derrière cette attitude – ou cette « peau de hérisson» ?

Certains, comme Rousseau, ont voulu y voir la déception d’un philanthrope trop exigeant : Alceste chérit l’humanité, mais il déteste les êtres humains parce qu’ils ne parviennent pas à incarner cet idéal.

D’autres, comme Balzac, on recentré cette aspiration sur le misanthrope lui-même. Je suis si parfait, se dit-il, que je ne peux que mépriser tous les autres hommes – simplement parce qu’ils ne me valent pas. Vanité cachée sous une peau de hérisson, où le hérisson apparait comme le symbole du refus de côtoyer ses semblables, un peu comme dans la fable de Schopenhauer (voir ici).

Quelle interprétation choisir ? Ne pourrait-on pas tenter une synthèse entre l’exigence de perfection et le mépris des défauts humains ?

La solution possible consiste peut-être à rechercher les causes de la solitude : car à n’en pas douter, le misanthrope est un solitaire, soit parce que tout le monde le fuit, soit parce qu’à son tour c’est lui qui se met à l’écart, comme Alceste, justement, qui choisit finalement de se retirer au désert.

Mais il peut aussi être à l’écart pour une autre raison ; comme chez Schopenhauer encore : lorsque nous commentions (ici) son éloge de  la solitude, nous pensions au Wanderer de Caspar David Friedrich, qui nous montre que ceux qui savent se hisser sur les cimes se retrouvent seuls non pas parce qu’ils fuient les hommes, ni que les hommes les fuient, mais parce que personne ne peut les suivre.

Un peu comme Zarathoustra.