Ne rien convoiter, c'est épargner ; ne rien acheter, c'est s'enrichir.
Cicéron
Ne rien acheter, c'est s'enrichir… L’avertissement ne vient-il pas trop tard, pour vous qui venez de subventionner le Père Noël, de payer le Réveillon et les étrennes du facteur ?
Mais avant de sombrer dans la morosité, demandons-nous si Cicéron, malgré sa grande sagesse ne se serait pas un peu trompé ? Voyons, ne pourrait-on pas s’enrichir en achetant ? Vous savez sans doute que c’est avec cette question toute simple que s’ouvre Le Capital de Karl Marx. Sa réponse ? Achetez de la force de travail, et vendez le produit du travail de cette force. La différence s’appelle le profit, et l’argent qui s’est ainsi investi s’appelle le capital.
Je vous vois venir… Vous allez me dire que vous n’êtes pas près d’embaucher des marins philippins vu que vous n’êtes pas un armateur grec ; mais qu’en revanche l’Ecureuil fait travailler votre argent, et il vous sert du 2,5% net d’impôt. Et que ça, si ça s’appelle pas du profit, alors il faudra dire ce que c’est.
Moi je vais vous le dire, ce que c’est. Ça s’appelle le fétichisme de l’argent, et Tonton Karl l’a expliqué en long et en large dans le même volume qu’il faudrait quand même que vous vous décidiez à méditer. En mettant vos économies chez l’Ecureuil, ce n’est pas votre argent qui travaille ; c’est le marin philippin ou le petit ouvrier chinois. Les intérêts qu’il vous sert l’Ecureuil, c’est à la paye de ces pauvres créatures qu’il l’a arraché avec ses pattes griffues. Allez donc voir votre banquier et demandez lui comment il se fait que vos SICAV vous rapportent tant ? Est-ce que ce n’est pas un peu louche ?
Bon, arrêtons là, sinon on va devenir subversif. Mais avouez que Cicéron a la mentalité d’Harpagon : pour lui, le meilleur moyen de sauver l’argent, c’est de ne pas le faire circuler. Erreur que ne commet pas le capitaliste.
Ça aussi, il l’avait dit, Karl.
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