Donnez au Téléthon : c’est toujours ça que les Restos du cœur n’auront pas.
Pierre Desproges
C’est quoi, ça ? Encore une provoc, histoire de faire fumer de rage les Bobos ?
Du calme. C’est vrai que si je donne au Téléthon, j’aurai moins à donner aux Restos du cœur. Donner aux uns c’est refuser aux autres ; c’est un constat déjà fait à l’époque du Tsunami : en donnant aux victimes du Tsunami, on a asséché les ressources des ONG d’Afrique.
On disait déjà, autre fois : on a chacun ses pauvres ; ce qui veut dire qu’on ne peut pas donner à tous. Rocard a scandalisé en disant que la France n’avait pas pour vocation d’accueillir toute la misère du monde. C’est qu’il voulait dire « supprimer toute cette misère ». Seulement, voilà : avec le Téléthon, avec les Restos du cœurs, la bienfaisance populaire s’est donné pour mission de le faire. Et il en est pour dire que du coup elle a donné à l’Etat une raison pour ne pas faire son devoir.
Certes, on dira que les choses ne sont pas si radicales. Et d’ailleurs, que c’est le geste qui compte. Allah fait un devoir au croyant de faire l’aumône, mais il n’impose pas de se ruiner pour ça. Pourquoi on fait la charité ? Charité bien ordonnée commence par soi-même ; et si on complétait : « … et elle finit par soi-même » ? On donne au Téléthon pour soigner les maladies génétiques, parce que ça nous dispense de voir des images d’enfants morbides. On donne aux restos du cœurs, parce que les pauvres qui y ont recours sont méritants ; ce ne sont sûrement pas des gamins mal élevés des banlieues, ni leurs parents alcooliques. Ça non !
Et si on faisait une journée nationale des prisons ? Vous donneriez pour en construire des plus conformes à la dignité humaine, ou bien vous diriez : « Je paie déjà assez d’impôts comme ça » ? Peut-être. A moins que vous disiez : « J’ai déjà donné (au Téléthon) »
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