Monday, December 01, 2008

Citation du 2 décembre 2008


Lorsque Jean Désert résolut de se suicider, il choisit un dimanche afin de ne pas manquer son bureau.

Jean de La Ville de Mirmont – Les dimanches de Jean Désert (in : l’horizon chimérique – Grasset, p.139) (1)


Il faut conserver le dimanche chômé. Sans quoi on n’aura plus la possibilité de se suicider sans perturber la vie de l’entreprise. Et rien n’est plus important que de préserver la vie de l’entreprise,

Voilà qui est bien dit.

Bon, maintenant, je vous vois hausser les épaules : pourquoi se suicider, c’est absurde ! Et surtout, si on le fait, pourquoi le faire en catimini, pourquoi ne pas ameuter au contraire le plus de gens possibles pour que ça se sache bien ? Récemment, le trafic du métro parisien a été interrompu deux fois dans la même journée, sur des lignes importantes, à des heures de pointe, par des gens qui se sont suicidés en se jetant sous les roues. (2)

Jean de La Ville nous raconte l’histoire d’une vie qui est un pur néant. Son héros s’appelle Jean Désert et comme son nom l’indique, c’est un homme vide, qui ne veut rien, qui n’a aucun projet et qui, quand le malheur veut que ses fiançailles soient rompues, veut se suicider par conformisme.

Est-il malheureux ? Pas même. Seulement, il se demande : « Qu’est-ce qu’on fait en cas de fiançailles rompues ? » Réponse : ou bien on s’étourdit en faisant la fête à outrance, ou bien on abuse de l’alcool, ou encore on se suicide. Dans l’existence atone de Jean Désert, rien ne produit d’effet : il va alors tenter de se suicider ; mais là encore il va renoncer faute de motivation. Il n’est même pas désespéré.

Si Jean Désert n’est pas désespéré il est par contre désespérant : pensez qu’il n’a envie de rien, pas même de se suicider


(1) Pour ceux qui comme moi il y a 1 mois, ne connaîtraient pas cet auteur tombé au champ d’honneur en 1914, lisez ça. Maintenant vous pourriez aussi savoir que Julien Clerc a adapté un de ses poème dans son dernier album (oui celui qui est écrit avec Carla)

(2) Vous qui êtes un anarchiste d’ultragauche et qui désespérez d’arriver à bloquer le métro faute de caténaire à saboter : voici une solution. Jetez-vous sous les roues.

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