Tument tibi cum inguina, num, si / ancilla aut verna est praesto puer impetus in quem / continuo fiat, malis tentigine rumpi? / Non ego; namque parabilem amo venerem facilemque.
Horace, Satires, I, II, 114-124
[Traduction : Quand ton bas-ventre se gonfle, est-ce que, si tu as sous la main une servante ou un jeune esclave que tu puisses posséder sans délai, tu préfères bander jusqu’à éclabousser ? Moi, non. Lire la suite en annexe (texte latin ici]
Que tous ceux qui croient que les études des langues mortes sont des inutilités ennuyeuses se ravisent : les poèmes que nous ont laissés les romains peuvent nous éclairer sur la nature des blocages qui nous empêchent de vivre sans souci avec notre corps.
Allez, une petite cure de désintoxication après la guimauve d’hier. La saint Valentin passée, revenons aux réalités.
Laissons l’amour aux poètes, et ses (ef)fusions aux adolescents. Venons-en à la réalité : l’amour c’est d’abord, comme le suggère Horace, une turgescence du bas-ventre (1).
Pourquoi les romains évoquent-ils cette situation sans peur alors que nous n’en parlons qu’à demi-mot, malgré des siècles et des siècles de libertinage et de psychanalyse ?
La lecture du passage suivant (voir l’annexe), extrait des Satires (avec un i et non pas un y, notez-le) nous renseigne : c’est que la sexualité y est assimilée aux autres besoins, tels la soif ou la faim. De même que nous parlons de ces besoins sans aucune gêne, de même Horace parle du besoin sexuel (2).
Du coup, ce qui vaut en amour c’est, comme dit notre auteur, qu’il soit bon marché et facile ; ce qu’il nous faudrait c’est un Lidl du sexe. Fini les minauderies, finie la cour à la bien-aimée, finis les bijoux, les cadeaux par les quels on obtient les faveurs d’une courtisane. Une femme utilisable doit être disponible, bon marché et authentique (entendons : telle que la nature l’a faite). Et Kleenex ? Oui, évidemment.
…Et hop ! Je suppose que je viens de me faire plein d’ennemies avec les dames qui lisent ce Blog…
Qu’à cela ne tienne ! Je laisse un blanc en bas de ma page pour qu’elles décrivent l’homme qui conviendrait à leur libido (3) :
(1) On comprendra qu’étant moi-même un homme, c’est le monsieur qui parle ici. Supposons donc que ce soit la même chose pour les madames.
(2) Les grecs faisaient de même, si on en croit Diogène (voir ici)
(3) J’avais dans un Post précédent cru possible de parler au nom des femmes pour décrire l’homme correspondant à leurs désirs. Je n’ai pas eu de protestations – voyez si ça vous convient.
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Annexe -
Quand la soif te brûle la gorge, cherches-tu une coupe en or ? quand tu meurs de faim, fais-tu le dégoûté pour tout sauf pour du paon ou du turbot ? Quand ton bas-ventre se gonfle, est-ce que si tu as sous la main une servante ou un jeune esclave que tu puisses posséder sans délai, tu préfères bander jusqu’à éclabousser ? Moi, non. Ce que j’aime, c’est un amour bon marché et facile. Celle qui dit : « Attends un peu », « donne un peu plus », « dès que mon mari sera sorti », on la laisse, selon Philodème, aux eunuques ; on se garde celle qui n’est pas chère et qui ne fait pas attendre quand on lui dit de venir. Qu’elle soit claire, sans manières, en un mot propre, du genre qui ne veut pas paraître plus grande et plus blanche que ne l’a faite la nature. Horace, Satires, I, II, 114-124
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