Les raisons d'agir sont comme les rouages d'une machine. Plus il y en a, plus la machine est fragile.
Lessing – Dialogues maçonniques
Voilà un paradoxe : plus on a de raisons d’agir, moins l’action a de chance de réussir. On le comprend pourtant, si on admet que l’action est alors un compromis entre ces divers motifs : rien ne dit qu’ils concourent à former un tout cohérent, et on finit par se trouver avec des projets analogues à ces programmes électoraux qui, pour préserver une coalition de partis, présentent une plateforme fourre-tout totalement incohérente.
Toutefois, on peut aussi se dire que les raisons d’agir sont des explications que l’on expose après-coup pour justifier une action. Et là, nouveau paradoxe : trop de bonnes raisons tuent la justification.
Freud racontait une petite histoire pour dire à quel point il faut se méfier des arguments servant à légitimer une conduite. C’est – disait-il – comme la ménagère à qui sa voisine reproche de lui rendre percé un chaudron qu’elle lui avait prêté intact, et qui répond : « Mais, ce chaudron était déjà percé quand tu me l’as confié ; et quand je te l’ai rendu il était en parfait état. Et de toute façon tu ne m’as jamais prêté de chaudron. »
La caricature est grosse mais elle est pertinente. Combien de fois surprenons-nous nos gouvernants en flagrant délit d’hyper-justification ?
Vous voulez un exemple ? Voyez la fameuse taxe carbone. Cette taxe – ou cet impôt ou cette contribution, à vous de choisir – est vertueuse parce qu’elle va entraîner une modification de nos comportements, et que de toute façon ce n’est même pas une taxe (ni un impôt, ni une contribution), vu qu’on nous la rembourse.
J’ai bien peur que le plan d’austérité qu’on nous concocte pour après les élections régionales n’obéisse à la même « logique ».
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