Car si l'on me perd / C'est seulement pour rester la tienne
/ Et au creux de ses bras / La mort nous bercera.
Cœur
de Pirate – La Petite Mort (Paroles)
Saint-Valentin 2017 (suite et fin… ou commencement ?)
« 14 février » - Alors encore une saint
Valentin ? avec ses fadaises inévitables et le ricanement mécanique de
votre serviteur qui satisfait ainsi sa libido de misanthrope ?
Non ! Il faut que ça change !
Aujourd’hui, nous célébrerons plutôt l’orgasme, que les ébats de nos amoureux fait
exploser chaque jour que Cupidon fait –
et pas seulement à la saint Valentin.
L’orgasme présente ce double et étrange caractère d’être le
paroxysme d’un être sur le point de laisser déborder sa vitalité et en même
temps sur le point de s’anéantir.
Voyez cette femme :
La
petite mort – Ecole française du 18ème siècle
Comme perdue dans le vide d’une conscience qui n’a pas encore
réussi à se réapproprier son être, elle flotte dans une sorte d’expérience de mort
imminente.
Comment cette contradiction de l’orgasme, excès et perte de
la vie, peut-elle se résoudre ?
Le mot orgasme vient du grec orgaô («enfler», «mûrir») que
Liddel-Scott définit ainsi : «Etre sur le point de porter [un fruit], être mûr
pour quelque chose […] s’enfler de désir, être en chaleur, être sexuellement
excité.» (1)
En clair, l’orgasme comporte deux caractéristiques :
l’une d’être une plénitude, être « plein d’être » ; mais de l’autre
l’orgasme est l’exigence impérieuse de décharger cet excès d’être, ce qui va entrainer
la retombée à un niveau zéro. Car n’oublions pas ce que Platon dit de
l’orgasme : « si (l’amant)
s'approche du laid, triste et refroidi, il se resserre, se détourne, se
contracte et n'engendre pas, mais porte avec douleur son germe fécond. De là, chez
l'être fécondant et plein de vigueur pour produire, cette ardente poursuite de
la beauté, qui doit le délivrer des douleurs de l'enfantement »
(Banquet 206d-e) : l’épanchement est indispensable et l’amant qui ne peut évacuer
sa semence se rétracte et souffre. La pléthore d’énergie délivrée par l’orgasme
est donc jouissance en même temps que délivrance.
L’ascétisme recommande pourtant de retenir l’orgasme et le
prêtre fait vœu de chasteté. Mais ne nous y trompons pas : il ne s’agit
pas d’éteindre cette énergie qui se développe. Il s’agit de la
réorienter, de la mettre au service de la spiritualité. Nous avons déjà évoqué
l’orgasme mystique : nous vous y renvoyons – en particulier nos Valentines
désireuses de subir ce genre d’assaut.
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(1) Voici un commentaire un peu plus développé de mon savant
ami Daniel Roche : « Le verbe
grec organ dérive du nom orgè qui signifie, selon mon Bailly, « agitation
intérieure qui gonfle l’âme ». Le verbe signifie donc au sens propre « avoir le
sang en mouvement » – pour les plantes « être gonflé de sève », et
au sens figuré « être possédé d’une passion violente ». Il existe aussi sur la
même racine l’adjectif orgas qui signifie « plein de sève ».
Le
rapprochement avec le sanskrit urja « nourriture, vigueur » est discuté. »
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