Je vous luy coupperais
les couillons tout rasibus du cul, il ne s’en faudra un pelet (d’un
petit poil). Par ceste raison ne sera-t-il jamais pape, car testiculos non habet (des testicules il
n’aura pas)
Rabelais
– Tiers livre chapitre 12
« Duos habet et bene pendentes » / – « Deos
gratias »
Cérémonie
d’intronisation d’un nouveau Pape
Nous voilà en présence d’une légende dont on croirait
qu’elle ne fut évoquée qu’au milieu de lazzis et des quolibets hostiles à la papauté :
c’est la légende de la papesse Jeanne, usurpatrice de la fonction pontificale,
et de la coutume qui en découla de faire assoir le nouveau pape sur un trône
percé afin de vérifier s’il avait les testiculos
indispensables à prouver sa virilité – donc sa légitimité : « Duos habet et bene pendentes »
annonçait-on en latin de cuisine.
Vérification
de virilité d’Innocent X
- Légende de la papesse Jeanne : cette femme aurait
réussi à se faire passer pour un homme jusqu’à se faire élire pape, et elle
n’aurait été démasquée qu’en raison d’une grossesse impossible à
dissimuler : on l’appela alors la papesse
Jeanne, qui fut selon les versions lapidée ou bien exilée.
Tout cela se serait passé au 9ème siècle, mais au
15ème siècle, en plein en schisme d’occident, cette histoire réapparut
sous forme d’attaque bien réelle contre la papauté : selon Jan Hus la
papesse Jeanne aurait rompu la continuité apostolique des papes, autrement dit
leur autorité, qui provient de celle du Christ transmise à ses apôtres et à
leurs successeurs, aurait été irrémédiablement rompue par cette usurpation (cf.
ici).
o-o-o
Cette étrange passion qui porte à croire à des fables
invraisemblables qui ont pour seul atout de discréditer un personnage ne s’est pas
éteinte de nos jours. N’a-t-on pas affirmé que monsieur Macron était un
homosexuel honteux, amant de Mathieu Gallet (le PDG de radio France), utilisant
son épouse comme un « paravent » destiné à masquer cette coupable
perversion ?
Question : quel test faire passer aux candidats à
l’élection présidentielle pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’invertis ?
Parce que là, en avoir duos qui bene pendentes, ça ne garantit
rien !
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Nota bene - Pour prolonger un peu le débat, souvenons-nous que le
refus de croire des histoires invraisemblables peut aussi être le résultat
d’une naïveté. Ainsi Voltaire donne comme exemple d’aveuglement de la foi le
récit suivant :
« Un jour le prince Pic de La Mirandole rencontra le pape
Alexandre VI chez la courtisane Émilia, pendant que Lucrèce, fille du saint
père, était en couches, et qu'on ne savait pas dans Rome si l'enfant était du
pape, ou de son fils le duc de Valentinois, ou du mari de Lucrèce, Alphonse
d'Aragon, qui passait pour impuissant. La conversation fut d'abord fort
enjouée. Le cardinal Bembo en rapporte une partie.
« Petit Pic, dit le pape, qui crois-tu être le père de mon
petit-fils ?
- Je crois que c'est votre gendre, répondit Pic.
- Eh! comment peux-tu croire cette sottise ?
- Je la crois par la foi.
- Mais ne sais-tu pas bien qu'un impuissant ne fait pas
d'enfants ?
- La foi consiste repartit Pic, à croire les choses parce
qu'elles sont impossibles ; et de plus, l'honneur de votre maison exige que le
fils de Lucrèce ne passe point pour être le fruit d'un inceste. Vous me faites
croire des mystères chrétiens plus incompréhensibles. Ne faut-il pas que je
sois convaincu qu'un serpent a parlé, que depuis ce temps tous les hommes
furent damnés, que le Christ naquit d'une vierge et que les murs de Jéricho
tombèrent au son des trompettes? » (Voltaire Dictionnaire philosophique Art. Foi)
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