Je ne suis
vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et
femmes, sont également libres.
Bakounine – Catéchisme révolutionnaire1865
L’idée
contenue dans cette citation de Bakounine a été la source de bien des méprises surtout
de la part d’élèves de terminale quand leur prof de philo leur posait le sujet
de dissertation suivant : « Peut-on être libre quand les autres ne le
sont pas? » Car beaucoup répondaient alors, sans y voir de malice,
« oui, la preuve c’est que sans prisons on serait moins libre
qu’avec »
C’est qu’en
fait on va droit à la réponse sans s’interroger sur le rapport entre la liberté
et la société des hommes. Car alors, on verrait les délinquants qui portent
atteinte à la liberté des autres comme des cas particuliers d’un phénomène
général.
Pour le comprendre
suivons Bakounine :
« L'homme n'est réellement libre qu'autant que
sa liberté, librement reconnue et représentée comme par un miroir par la
conscience libre de tous les autres, trouve la confirmation de son extension à
l'infini dans leur liberté. L'homme n'est vraiment libre que parmi d'autres
hommes également libres; et comme il n'est libre qu'à titre humain, l'esclavage
d'un seul homme sur la terre, étant une offense contre le principe même de
l'humanité, est une négation de la liberté de tous. » Mikhaïl Bakounine
- Catéchisme révolutionnaire
Si
l’on met de côté le cas de l’esclave qui détruit le principe de la liberté, il reste que notre liberté n’existe qu’au
milieu des autres, non par le secours qu’ils peuvent nous apporter, mais par la
représentation qu’ils en ont.
Ce
qui signifie :
- que la liberté n’est autre que la
liberté civile et qu’elle est comme les frontières : elle n’existe qu’à
condition d’être reconnue ; c’est comme un jeu de miroirs, ce qui signifie
que ceux à qui nous la refusons peuvent bien faire de même.
- d’autre par, qu’elle est
démultipliée par les consciences qui nous entourent à condition qu’elles soient
des consciences elles mêmes libres. L’infini de la représentation ressemble à
ces deux miroirs mis face à face et qui reflètent à l’infini les cadres qui les
entourent.
D’ailleurs
lors que la société dénie à certains de ses membres le droit à la liberté, elle
les cache derrière de hauts murs ou dans des lointaines banlieues, pour qu’on
n’ait pas le spectacles de ces hommes en servitude. N’ayons que des libertés
autour de nous, et tant pis pour ceux qui ne le sont pas, à condition qu’on ne
les voit pas !
Mais
justement, Bakounine de son regard perçant les voyait quand même !
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