Le succès est
une échelle sur laquelle on ne peut pas monter les mains dans le dos.
Proverbe américain
Lorsque
l'occasion s'offre à toi la première, / Ne
la laisse point échapper : / Chevelue en devant, et chauve par derrière, / Ce n'est que par le front qu'on la peut
attraper.
Caton – Distiques Livre second, XXVI
Les échelles (3)
Commentaire 2
L’essentiel
ici ce n’est plus (comme hier) de savoir à quoi ressemble l’échelle qu’on nous
propose, mais comment on fait pour y monter. Question oiseuse, sauf que la
métaphore nous invite à imaginer qu’on s’y agrippe énergiquement ; sans
cela quelle différence ferions-nous entre l’échelle et l’escalier ?
Il faudrait
donc attraper le succès entre nos mains dès qu’il passe et ne plus le lâcher.
Du coup, il ressemble à ce personnage imaginé par Caton, chevelu devant et
chauve derrière ; mais aussi voilà que se pose la question : comment
reconnaître la chance quand elle nous sourit ? Devons-nous nous agripper à
tout ce qui passe près de nous et qui ressemble… à quoi donc ? Savons-nous
seulement à quoi peut ressembler la chance ? Si tout ce qui est chevelu
sur le front est pris pour de la chance, nous risquons de devenir supporter de
Donald Trump – avant de constater qu’il n’est pas chauve derrière.
Les grecs
faisaient du kairos l’indice de la
sagesse innée, celle qui ne s’apprend pas parce que c’est une intuition qu’on a
tout de suite ou alors jamais.
Mieux
encore : chez les grecs Kairos est un Dieu représenté par un jeune homme
qui ne porte qu'une touffe de cheveux sur la tête.
« Quand
il passe à notre proximité, il y a trois possibilités :
on ne le voit
pas ;
on le voit et
on ne fait rien ;
au moment où
il passe, on tend la main, on « saisit l'occasion aux cheveux » (en grec ancien
καιρὸν ἁρπάζειν) et on saisit ainsi l'opportunité.
Kairos a
donné en latin opportunitas (opportunité, saisir l'occasion) » (1)
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