Tuesday, December 19, 2006

Citation du 20 décembre 2006

Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants.

Léopold Sédar Senghor

Quand le poète a parlé, on n’a plus rien à dire. Déposer des commentaires dans ses marges n’est qu’une pollution stérile. Surtout lorsqu’il parle du respect de la terre.

Si je me lance dans l’aventure malgré tout, c’est pour évoquer l’histoire du rapport à la terre, et non pour prétendre donner du sens à ce qui en a déjà.

Qu’est-ce donc que la terre ? La terre, ce n’est rien d’autre que ce que j’ai sous les pieds ; la terre ce n’est que notre sol. Le poète Léopold Senghor insiste sur le devoir de transmission : le sol n’est pas notre sol ; il n’est que ce sur quoi nos enfants ont des droits.

Qu’est-ce que le droit du sol ? Il est soit le droit conféré par le sol ; soit droit sur le sol.

- Droit du sol : c’est le mythe platonicien de l’autochtonie (Le Politique, 271 b) qui inaugure la théorie du droit du sol comme origine de la nationalité. Dans ce texte, Platon explique que les premiers athéniens sont nés du sol de l’agora, sortant de terre comme les plantes. La patrie (dans le Banquet, Platon dira même la matrie) n’est autre que la terre génitrice, c’est elle qui nous confère nos droits sur elle comme autant de caractères héréditaires. Nous héritons la terre de nos parents simplement parce que le mode de reproduction des êtres vivants a changé depuis l’origine mythique ; mais ça ne change rien au droit que nous avons sur le sol.

- Droit sur le sol : droit de propriété. De nombreuses thèses se sont affrontées ici : le droit du premier occupant (voyez le combat des indiens d’Amérique pour être considérés comme les premiers hommes du continent) ; le droit du travail (la terre appartient à celui qui la cultive dira Rousseau). La terre est alors nourricière, elle n’est autre que le lopin de terre qui nous permet de subvenir à nos besoins.

Nous empruntons [la terre] à nos enfants : cela veut dire qu’en leur donnant la vie nous leur donnons aussi un droit à tout ce qui peut assurer leur survie. La terre leur appartient comme elle appartiendra à leurs enfants. Le propriétaire de la terre n’existe que dans l’avenir, c’est la génération future qui possède ce droit.

Et c’est là que nous retrouvons les bases de l’écologie politique.

4 comments:

Anonymous said...

Cette citation est-elle réellement de Sédar Sanghor ? Certains citent Saint-Exupéry, d'autres Geronimo...
Peut-être faudrait-il aussi souligner l'illogisme d'une telle citation. Nous sommes les enfants de nos parents, donc nous avons des droits sur la terre (puisque nos parents nous l'ont empruntée).

Jean-Pierre Hamel said...

Pour ce qui est de la paternité de cette citation, je laisserai aux internautes le soin d'apporter les précisions qu'ils auraient.
Pourl'illogisme, il me semble qu'il sert surtout à souligner comme le faisait Hans Jonas, que l'éthique est désormais une éthique de la responsabilité, c'est à dire du futur. Aucun impératif catégorique jusque là n'a jamais pris en compte cette dimension du temps. A moins que je ne me trompe ?

Anonymous said...

Dans sa Théorie de la justice, Rawls fait déjà intervenir la prise en compte des générations futures, puisqu'à travers le voile d'ignorance on ne sait pas quelle sera notre place au sein des générations.

Anonymous said...

J'ai trouvé un lien intéressant à propos de cette citation :
http://www.gillesjobin.org/wikifil/wakka.php?wiki=TerreHeritage