Le futur n'est autre que du présent qui se précipite à notre rencontre.
San Antonio - Les pensées
Il faudrait faire réécrire les livres de philosophie par San Antonio (non, pas par Frédéric Dard : lui, il est mort !). Regardez un peu : quand Saint Augustin parle du temps, voici ce qu’il en dit : « D’où s’effectue [le passage du temps] et par où et pour aller où ? D’où, sinon du futur ? Par où, sinon par le présent ?Pour aller où, sinon au passé ? » - Confessions, livre XI (1).
Et en effet, San Antonio ne dit pas autre chose ; mais il le dit de façon à provoquer le lecteur, il lui laisse une chance et de comprendre et de réagir. Comprenez-moi : je ne dis pas vraiment que Saint Augustin est obscur ; il nous illumine au contraire… mais sa lumière vient de loin, comme d’une lointaine étoile ; elle met longtemps à nous parvenir pour nous éclairer.
Qu’y a-t-il à comprendre en effet ? Que le futur « se précipite à notre rencontre » : on saisit immédiatement que le temps se déroule non pas comme on le croit généralement du passé vers le présent, et du présent vers l’avenir, mais au contraire, de l’avenir vers le présent et du présent vers le passé. Chaque jour, la date des prochaines vacances se rapproche de moi, même si je ne fais rien, que je n’agisse pas dans le présent, que je me contente d’attendre : cela ne change rien. De même, la passé s’éloigne, quoique j’y fasse.
Pourquoi faudrait-il réagir à cette définition ? Parce qu’alors, « le futur n'est autre que du présent »… Oui, les vacance prochaines existent déjà, elles sont aussi réelles, aussi immuables que la réalité présente, sauf qu’elles ne sont pas encore disponibles ; elles sont comme le cadeau encore rangé dans sa boite et qui attend que le Père Noël soit passé pour qu’on le déballe… Le fatalisme, la croyance au destin sont les attitudes qui sont attachées à cette vision du temps. Je ne dirais rien de San Antonio, mais je ne doute pas que Frédéric Dard quant à lui ait assumé cela.
Allons nous de passé vers le présent ou du futur vers le passé ? Si vous voulez sortir du dilemme, allez demander à San Augustino.
(1) voici le texte du livre XI avec des notes.
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