Tuesday, January 23, 2007

Citation du 24 janvier 2007

« Dieu et l'Humanité n'ont basé leur cause sur rien qu'eux-mêmes. Je baserai donc ma cause sur Moi : aussi bien que Dieu, je suis la négation de tout le reste, je suis pour moi tout, je suis l'Unique. »

Max Stirner (1806-1856) L’unique et sa propriété

Les anarchistes ont habituellement deux ennemis : l’Etat et la religion ; Ni Dieu, ni maître.

Max Stirner, l’un des précurseur de l’anarchie, en a trois : Dieu, l’Etat et l’Humanité. Humanité que j’écris avec une majuscule : il ne s’agit pas simplement d’un concept ; il s’agit du nom donné à une idéologie selon la quelle chaque être humain reçoit sa valeur et sa vérité d’une essence qui lui est supérieure, qui le contraint à se conformer à une définition bien précise. Pour l’Humanité, l’individu n’est rien ; comme Dieu est l’alpha et l’oméga de la Création, elle est le Tout de tout être humain.

La seule valeur qui vaille, pour Stirner, c’est le MOI, ou si vous préférez, l’UNIQUE. Car Je suis unique, c’est pour cela que je suis sans modèle et sans lois.

Alors on comprendra que Stirner soit si méconnu ; même les anars ont du mal à s’en réclamer. C’est que Stirner est le défenseur de l’égoïsme : je suis pour moi tout. Seulement il ne s’agit plus d’une morale - on est bien au-delà de toute morale : il s’agit d’une philosophie et il s’agit d’un programme politique. Deux thèses : deux paradoxes.

Premier paradoxe : il y aurait une philosophie de Stirner. Or pour lui, aucun concept ne peut définir le moi. Un concept étant une définition générale, un concept du moi serait applicable à tous les mois, dont comme on vient de le dire, chacun est unique et incomparable. Absurde. Voici donc une philosophie sans concept.

Deuxième paradoxe : il y aurait un programme politique de Stirner. Or pour lui, l’action ne peut être collective, puisque personne ne peut décider pour autrui. Comme tous les anarchistes, il se heurte à la difficulté du « vivre-avec » là où aucune lois ne peut être admise. Tout au plus y a-t-il un programme de déconstruction de l’idéologie dominante. Débarrasser les enfants du verbiage que l’éducation leur a imposés, désagréger le troupeau docile qu’on en a fait, libérer l’individu (1).

Fermer les écoles, construire une libre association d’individus… Dès qu’on retrouve la pensée politique anarchiste, on se trouve confrontés à l’alternative : ou bien des anarchistes genre bande à Bonnot, ou bien la gentille utopie de l’Abbaye de Thélème… (2)

(1) « Ce n'est pas le savoir qui doit être inculqué, c'est la personnalité qui doit parvenir à son plein épanouissement » Stirner

(2) Voir citation du 29 mai 2006

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