Tuesday, May 15, 2007

Citation du 16 mai 2007

Le roi est mort, vive le roi !

Proclamation traditionnelle lors de l’enterrement du roi de France (1)

La monarchie connaissait un moment essentiel : celui de la transmission du pouvoir d’un roi à son successeur, qui avait lieu au moment des funérailles. Elle se faisait par la formule citée : « Le roi est mort, vive le roi ! »

Il s’agissait de montrer que le lien sacré unissant le Roi à sa fonction n’était pas rompu, et que le nouveau roi participait de la même légitimité, la continuité de la fonction impliquant la permanence du lien.

Nous autres républicains avons aussi la cérémonie de la passation du pouvoir d’un Président à un autre. Simplement, nous n’avons pas besoin d’attendre la mort d’un roi pour remplacer un président. C’est toujours ça de pris…

Mais l’idée est la même : il ne doit pas y avoir vacance du pouvoir. Toutefois, notre interprétation est beaucoup plus utilitariste : nous comprenons cette continuité par l’obligation que le pouvoir suprême soit en mesure de s’exercer à tout moment du fait des dangers qui menacent le pays. C’est sans doute ce qui explique que lors de l’entrevue qui accompagne la passation de pouvoir le président sortant remette les codes du feu nucléaire à son successeur (2).

Admettons que cette légende soit vraie. Et si on avait tort de ne voir là qu’une obsession sécuritaire ? Si comme pour le roi de France, on avait affaire à une réaffirmation du pouvoir absolu du monarque républicain ? Quelque chose comme l’adoubement du nouveau Prince par la prise de possession du pouvoir régalien par excellence : celui de détruire la planète. Je détiens le bouton rouge, donc je suis tout puissant ; je suis tout puissant, donc je suis le roi.

Hobbes disait que l’Etat était un « Dieu mortel » (3). Louis XIV aurait dit « L’Etat, c’est moi ».

La conclusion, nos Présidents Républicains l’ont, semble-t-il, tirée depuis longtemps.

(1) Voir cet article. A noter que ce n’est pas par snobisme que je cite Wikipedia en anglais, mais parce que l’article français est moins bien documenté.

(2) Si c’est une légende, elle a la vie dure. Voici ce qu’on raconte : au moment de l’entrevue précédant la passation de pouvoir, Giscard avait remis à Mitterrand un médaillon dans le quel était enfermé ce code. Dans l’après midi Mitterrand s’efforce de l’ouvrir ; pince, tournevis ; il y arrive finalement pour constater que le médaillon est vide. On pourrait en faire un conte philosophique.

(3) Hobbes - Léviathan, I, 17 (lire)

2 comments:

Anonymous said...

J'ai entendu ce matin à la radio (RFI) que les codes d'accès seraient en réalité un ordinateur portable contenant entre autre des empreintes biométriques du président. J'imagine donc que notre Nicolas s'est fait scanner la rétine au milieu des meubles dorés.
Mais ça ou un médaillon vide, au fond ça ne change pas grand' chose.

Jean-Pierre Hamel said...

Exact. Mais avouez que c'est moins romantique