Le larcin, l’inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses.
Pascal – Pensées (fragment 294 édition Brunschwicg)
Cette citation de Pascal, moins connue peut-être que la formule qui la précède : « Vérité en-deça des Pyrénées, erreur au-delà », résume assez bien la critique pascalienne de la justice humaine, considérée comme une prétention intenable des hommes à s’affranchir de la justice divine, la seule qui soit effectivement universelle.
Sans entrer dans la discussion de ce relativisme (1), je voudrais évoquer les cas qui confirment les exemples choisis par Pascal.
- Le larcin : sans problème, le vol a été et est encore considéré comme le droit du guerrier vainqueur. D’abord parce que le droit n’est autre que l’expression de la volonté du plus fort (voir la thèse de Polos, dans le Gorgias de Platon) ; ensuite parce que l’usage a été que le pillage soit sa récompense.
- L’inceste : on a déjà dit ici je crois que Lévi-Strauss avait posé en principe que la prohibition de l’inceste était la seule règle culturelle absolument universelle : partout et toujours il y a des femmes interdites pour certains hommes et des hommes interdits pour certaines femmes (même si ce ne sont pas les mêmes selon les civilisations). Mais lorsque l’homme est un Dieu vivant comme le Pharaon, alors il peut se faire qu’il ait le devoir d’épouser sa sœur.
- Le meurtre des enfants : passons sur la tolérance de l’infanticide des filles qui est toujours pratiqué en Chine et aux Indes. Dans des civilisations plus archaïques, comme en Mélanésie, la mère possède un droit absolu sur la vie de l’enfant. Chez les Romains, le nourrisson était déposé dès sa naissance aux pieds du père par la matrone. Si le père acceptait l’enfant il le prenait entre ses mains (on disait alors qu’il l’élevait) ; s’il le laissait à terre, alors il était tué (ou bien comme en Grèce exposé c’est à dire déposé hors des remparts où les bêtes sauvages le dévoraient). Et tout ceci était parfaitement légitime.
- Le meurtre des pères : voyez le scénario de la ballade de Narayama – de Shohei Imamura (Palme d’Or 1983) « Agés de 70 ans les ancêtres du village doivent se rendre dans un sanctuaire perché sur la montagne, au prix d’une rude ascension, portés par leur fils aîné, pour y mourir. » (La suite ici)
Les amateurs de polémiques continueront avec les avortoirs pour IVG et les mouroirs de retraite.
(1) Relativisme résumé dans ce principe du droit romain : Nullum crimen sine lege (Il n’y pas de crime si la loi ne le prévoit pas)
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