Abolir la dualité des sexes est une crainte de l'imaginaire démocratique, hier avec la citoyenneté des femmes, aujourd'hui avec le pacte de solidarité.
Geneviève Fraisse
Geneviève Fraisse charge la barque quand elle met dans la même phrase la crainte de la dualité des sexes, l’imaginaire démocratique, la citoyenneté des femmes et le pacte de solidarité. Remarquez je n’ai pas à m’en plaindre : j’ai de quoi alimenter cette chronique durant une semaine.
Je m’en tiendrai aujourd’hui au rapport entre la solidarité et le pacte.
…Pacte civil de solidarité (PACS) - Pacte de solidarité entre les générations (retraites) - Un nouveau pacte de solidarité pour les quartiers (rapport remis au Sénat) - Justice et fiscalité : un nouveau pacte de solidarité... Faites donc la recherche sur Google : les pactes de solidarité, il y en a tant qu’on ne sait plus de quoi on parle.
L’idée de solidarité apparaît dans trois domaines : la morale, lorsqu’elle assume la valeur attribuée à une commune nature humaine ; la sociologie, dans la mesure où la solidarité suppose la prééminence du groupe sur l’individu ; et la philosophie politique quand elle apparaît sous la forme de pacte, précisément.
Rousseau a formulé très clairement le rapport entre le pacte et la solidarité : « Sitôt que cette multitude (= le peuple) est ainsi réunie en un corps (= assemblée des citoyens), on ne peut offenser un des membres sans attaquer le corps ; encore moins offenser le corps sans que les membres s’en ressentent. Ainsi le devoir et l’intérêt obligent également les deux parties contractantes à s’entraider mutuellement… » (1) Comprenons la dimension politique de la solidarité : elle est consécutive au pacte social, qui lui-même crée la citoyenneté. Si la solidarité implique la fraternité, alors pas de fraternité en dehors de la citoyenneté. Et pas de citoyenneté sans la nation (entendez par nation, le fait de constituer un peuple par adhésion à une histoire commune). Donc, dire que des pactes de solidarité il y en a à la pelle, c’est simplement constater que ces deux termes sont redondants ; et donc qu’on n’est pas dans le domaine moral, pas plus que dans le domaine social, mais dans le domaine strictement politique.
Essayez un peu pour voir ce que ça donne : nous sommes solidaires des Papous et des Zoulous, parce que nous sommes tous frères. Et pourquoi pas les baleines bleus et les pandas ? La solidarité morale ça existe, en tant qu’idée ; mais quelle action concrète a-t-elle à son action ?
Et avec le Darfour ?
Et que dire de la solidarité avec les lascars des banlieues ?
(1) Rousseau - Du Contrat social, livre I, ch.7 - A lire ici
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