Abolir la dualité des sexes est une crainte de l'imaginaire démocratique, hier avec la citoyenneté des femmes, aujourd'hui avec le pacte de solidarité.
Geneviève Fraisse
Alors on y revient à cette citation. Mais cette fois sur la première partie : la citoyenneté des femmes comme tentative pour abolir la dualité des sexes. Comment cela va-t-il s’articuler ?
1 - Aux armes citoyennes ! J’ai montré dans mon Post du 24 janvier 2006 que la militarisation citoyenne avait servi de caution au refus d’admettre les femmes à la citoyenneté active (on se rappelle en effet que le concept de citoyenneté passive avait été forgée pour justifier le refus d’accorder le suffrage universel à ceux qui ne payaient pas l’impôt). Les femmes sont conçues comme définitivement différentes des hommes et c’est pour ça qu’on n’en veut pas comme « concitoyennes ».
2 - Depuis … longtemps ( ?), les femmes sont aussi considérées comme étant différentes des hommes parce que la raison est chez elles subordonnée à l’affectivité. Si l’homme se définit comme un « animal raisonnable », alors les femmes ne sont pas hommes de la même façon - ou pas au même degré (Me tapez pas ! Aïe ! Pas sur la tête !)
3 - Au sortir de ces balbutiements des Lumières démocratiques, on a fini par reconnaître que les femmes sont comme les hommes et que donc elles sont citoyennes au même titre - citoyenneté reconnue et concrétisée par le droit de vote. Mais du coup, on a nié toute différence entre femmes et hommes. On est dans la vision républicaine de l’homme-générique, de l’homme universel, identique en tous les cas, qu’il soit blanc, noir ou jaune ; masculin ou féminin. Egalité signifie identité.
4 - Ouf ! On en arrive enfin à l’idée de Geneviève : tout ça, c’est une invention, résultant de la peur de la différence des sexes : entendez, le peur des hommes devant l’être-différent de la femme. Et la citoyenneté a servi à masquer cette différence en la recouvrant par l’affirmation de l’unité du corps politique.
5 - Double conclusion : la première est qu’on a affaire ici à une illusion. La citoyenneté ne change rien du tout ; elle est un droit qui ne nous dit rien de la nature se celui (ou de celle) qui en jouit. Le corps politique n’a rien à voir avec le corps physique.
Ensuite la crainte de la dualité des sexes est phobique ; ce qui veut dire qu’elle résulte d’un transfert symbolique d’une situation traumatique individuelle donc concrète, sur une catégorie d’individus. La peur de la mère - la marâtre - devient alors la phobie de la nature féminine. Peur qui induit le rejet, la mise à l’écart, donc l’ignorance, l’incompréhension.
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