Tuesday, May 29, 2007

Citation du 30 mai 2007

La seule façon d'être heureux c'est d'aimer souffrir.

Woody Allen

La recette du bonheur : puisque la souffrance est inévitable, jouissons-en ! Facile…

Mais d’abord, comment aimer souffrir ? Trois chemins - illustrés par trois histoires - pour trouver le bonheur.

- 1 - Souffrons comme les Stoïciens, non pas en jouissant de notre souffrance, mais en la considérant comme un phénomène qui se produit sans que nous soyons vraiment concernés.

1ère histoire : C’est l’histoire d’Epictète à l’époque où il était esclave. Son maître pour le punir d’une faute lui tord la jambe. « Fais attention lui dit Epictète, tu vas la casser » Le maître continue ; la jambe casse. « Là ! tu vois, je te l’avais bien dit. Tu es bien avancé maintenant avec un esclave infirme. » Le détachement des stoïciens devant la souffrance est surhumain. Et en plus il est révoltant : ne consiste-t-il pas à accepter n’importe quoi, injustice comprise ?

- 2 - Souffrons donc comme les masochistes. En supposant qu’ils jouissent de la souffrance, ils pourraient tirer bénéfice des aléas de la vie, du voisin insultant, de la femme infidèle, du policier sadique. Tiens, justement, ne pourrait-on neutraliser les sadiques en les accouplant à des masochistes ?

2ème histoire : (évidemment celle-là, vous la connaissez déjà)

- Le Masochiste (au sadique) : Fais-moi mal !
- Le sadique : Non !
- Le Maso : Ouch !

Non, ça ne se passe pas comme ça. Le masochiste, ce n’est pas la souffrance qui fait son bonheur ; c’est l’humiliation imposée par celui qu’il a choisi pour ça : il veut désigner son bourreau, comme Sacher Masoch avec Wanda (cf. Post du 5 août 2006).

- 3 - Souffrons alors comme les épicuriens, en oubliant la souffrance. Car rien ne nous fait vraiment souffrir que la crainte de souffrir un jour. Epicure pense que ce que nous craignons, c’est de perdre ce que nous avons. Pour ne plus souffrir, il ne faut rien posséder qu’on puisse perdre.

3ème histoire : Epicure voit un mendiant qui boit à une fontaine en prenant de l’eau dans ses mains. Il sort son écuelle de sa besace et la brise : « Je constate que j’avais encore quelque chose de trop » dit-il.

Bien entendu, l’existence est aussi quelque chose que nous pouvons perdre, sauf si nous ne faisons que la vivre au jour le jour, c’est à dire dans l’instant présent.

C’est ce que nous suggère notre épicurienne de la Butte aux Cailles (1)


(1) Si vous avez lu mes Posts précédents, vous savez que j’ai déjà dépisté une platonicienne et une pessimiste dans notre Muse : c’est qu’il y a plus d’une Miss dans Miss.Tic

5 comments:

Djabx said...

Bonjour,

Hier j'ai bien noté votre "appel à de nouvelles citations". J'ai donc un peu cherché dans mes lectures une phrase qui m'avait "marqué".
C'est ainsi que je vous cite un petit paragraphe du livre "La part de l'autre" d'Eric-Emmanuel Schmitt.


[...] s'il n'avait pas encore réalisé la moindre oeuvre d'importance et n'avait que gagné le droit d'apprendre à peindre, le jeune Adolf H. venait de franchir une étape essentielle sans laquelle il n'y a pas d'artiste: il se prenait définitivement pour le centre du monde.

La part de l'autre - E. Schmitt


Je trouve intéressant cette conception d'un artiste complètement Egocentrique... mais je n'aie pas les connaissances nii la culture suffisantes pour développer plus d'un point de vue philosophique.

Anonymous said...

Il me semblait qu'il s'agissait de Diogène le Cynique le coup de l'écuelle brisée...

Anonymous said...

Je ne comprends pas très bien cette phrase :
"L’existence est aussi quelque chose que nous pouvons perdre, sauf si nous ne faisons que la vivre au jour le jour, c’est à dire dans l’instant présent."
Dans quelle mesure vivre au jour le jour nous empêche de perdre l'existence ?

Djabx said...

Le "problème" le plus "gênant" quand on arrête de vivre, c'est que les projets qu'on a en cours, ou pour demain s'arrêtent subitement (pour nous comme pour les autres).

Or, si on vie "au jour le jour", par définition on ne fait pas de projet plus long terme que la fin de journée.

Ainsi, si la mort doit arriver, ce n'est pas bien grave: on ne perd rien que les projets de la journées. Ce qui nous permet de partir sans regret d'une tâche inachevée.

CQFD :)

Jean-Pierre Hamel said...

- Sur la citation de E.E. Schmitt : merci ; je lui ferai une place prochainement, en s’interrogeant sur le rapport à autrui dans la création (l’artiste peut-il se plaindre d’être « incompris » ?)
- Sur l’écuelle brisée : il faut que j’aille chercher la source chez l’autre Diogène (Laërce, bien sûr). Je te tiens au courant.
- Dans quelle mesure vivre au jour le jour nous empêche de perdre l'existence ? - Hé bien, je voulais dire que comme on ne peut perdre que ce qu’on a, vivre au jour le jour nous épargne de craindre de voir avorter nos projets - puisqu’ils ne sont que des virtualités, et de perdre ce qu’on a eu dans le passé - puisqu’on ne l’a plus. En ne vivant que dans l’instant présent on jouit de ce qui existe vraiment, et non pas virtuellement.
C’est en substance ce que dit aussi Alexandre
Merci à tous pour vos contributions.