Monday, May 28, 2007

Citation du 29 mai 2007

Dieu dit : Que la lumière soit! Et la lumière fut.

Genèse - 1.3

[Oui, je sais que le 29 mars 2006 j’ai déjà utilisé cette référence. Non, je n’ai pas encore complètement épuisé mon stock de citations. Simplement, il y a un an j’avais insisté sur un tout autre aspect que celui qui motive mon Post d’aujourd’hui. Si vous n’êtes pas content, envoyez-moi les citations originales dont vous aimeriez entendre mon géniââââl commentaire.]

La Création du monde, comment ça marche ?

Sachez donc que pour créer le monde, Dieu parle. Il dit ce qu’il veut créer et ça se crée.

En effet, vous êtes vous demandé déjà pourquoi Dieu dit : Que la lumière soit! A qui parle-t-il donc ? Il n’y a personne pour l’entendre, vu que la Création n’en est qu’à son tout début (en gros, on en est ici au stade du chaos). Si Dieu parle, c’est donc bien uniquement pour créer. (1)

Et en effet, Dieu a créé la lumière simplement en le disant, et non pas en décrivant ce qu’il faisait. Lorsqu’il dit Que la lumière soit, elle surgit, car la puissance de Dieu est telle que la simple évocation de son existence suffit. Haydn a parfaitement illustré cette puissance dans son oratorio La Création : le chœur murmure : « Und Gott sprach : Es werde Licht/ Und es war Licht» Sur le second Licht un fortissimo d’orchestre se déchaîne soutenant celui des voix. Un murmure de Dieu suffit à illuminer l’univers.

Et maintenant, on voudrait savoir quelle est la nature de ce pouvoir du langage. La Création du monde, Dieu la « parle » parce que sa parole est logos : le logos de l’Evangile (cf. Post du 19 septembre 2006) est à la fois parole et raison, force créatrice et raison d’être.

Nous qui ne sommes pas des Dieux, nous aussi nous pouvons « faire en parlant », car nous avons accès aux énoncés performatifs. J.L. Austin (2) explique que ces énoncés sont des actes, caractérisés par le fait Que nous devons les signifier à autrui (3) ; Que les circonstances soient conformes (4). Ainsi, si je dis : « Je te parie que je vais gagner le concours (du plus gros mangeur des spaghettis) » la phrase que je prononce constitue le pari ; il n’y a rien de plus à ajouter, sous réserve que je m’adresse à quelqu’un qui parie avec moi. Mais si je dis « Que la lumière soit », il ne se passera rien - à moins que je sois Dieu.

Entre Dieu et nous il ne suffit pas d’évoquer une quelconque différence de puissance. Les énoncés performatifs ont besoin, pour être efficaces, de la coutume sociale en dehors de la quelle ils perdent toute raison d’être. Le pouvoir créateur du mot n’appartient qu’à Dieu qui est le logos ; chez nous il n’existe que comme rêve du sorcier et de la formule magique.

Si ça vous intéresse, allez vous ressourcer chez Poudlard.


(1) Mais Dieu peut aussi faire sans dire ; voyez le verset suivant : Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Dieu n’a pas dit « Que la lumière se sépare des ténèbres » : il l’a fait.

(2) cf. Austin Quand dire c’est faire - Détails sur la théorie d’Austin ici. Voir aussi Post du 5 mai 2006

(3) A noter qu’il ne s’agit pas nécessairement d’ordres, ni de paroles qui agissent sur la volonté ou l’affectivité d’autrui (ça ce sont plutôt les perlocutions). L’exemple du pari est celui d’une illocution (voir référence citée)

(4) Un acteur qui joue le rôle du maire dans une scène de mariage ne marie pas réellement les comédiens qui se sont dit « Oui »

7 comments:

Mylagan said...

Heureusement qu'il ne suffit pas de dire une formule magique pour créer ou pour que nos voeux se réalisent. La vie serait peut être un peu triste, morne, sans saveur...
Je n'irais peut être pas jusqu'à dire comme Oscar Wilde "Quand les dieux veulent nous punir, ils exaucent nos prières." Par contre, je pense comme Tolstoï "Tous les hommes font la même erreur, de s'imaginer que bonheur veut dire que tous les voeux se réalisent"

Concernant la création de l'homme, avez-vous déjà lu ceci :
http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2006/clb_060113.htm ?

Tout autre chose mais concernant toujours les citations :
Au cimetière allemand de La Combe (Normandie), j'ai trouvé cette citation :
"Avant que la guerre n'éclate au grand jour, elle germe pendant longtemps dans le coeur des hommes" , je l'ai trouvée intéressante et l'ai donc noté dans mon carnet mais j'ai omis de préciser l'auteur, le connaissez-vous ?

Je recherche également l'auteur de ce texte que j'ai trouvé sur internet :
"Se tromper, c'est humain!
L'admettre, c'est sage.
se pardonner, c'est divin.
Ce sont milles et une expériences
qui nous conduisent a une grande sagesse.
Donc, chaque fois qu'on pense se tromper,
on ne se trompe pas.
on apprend, on évolue, on grandit."

PS : "Dieu dit : Que la lumière soit! Et la lumière fut." oui...c'est ce qui est écrit dans la Bible, cette Bible dont on dit que c'est la Parole de Dieu mais qui a, en fait, été écrite par maintes personnes. J'avoue que j'ai des parfois des doutes. Est-ce véritablement la Parole de Dieu ? Ce passage de la Genèse, c'est, en fait, un homme qui a écrit un poème à la gloire de Dieu, mais est-ce Dieu qui a guidé ses pensées et sa main lorsqu'il l'a écrit ? Je ne sais pas si je me fais bien comprendre...

Mylagan said...
This comment has been removed by the author.
Jean-Pierre Hamel said...

Question : Est-ce véritablement la Parole de Dieu ?
Je vais vous répondre en vous avertissant que je n’ai aucune religion…
Réponse : Le doute est indispensable à la religion.
1 - L’incompréhension des croyants face aux documentaires comme celui de Cameron sur le tombeau du Christ vient du décalage entre la réalité scientifique et le monde du miracle qui est celui de la Bible. A quoi bon chercher dans la réalité ce qui la transcende de mille façons ? Et si le cadavre du Christ était là, devant nous, devrions-nous nier la résurrection ? Non, car nous ne savons rien de la façon dont le Christ aurait pu renaître à la vie.
2 - Si le certitude scientifique pouvait s’implanter dans la religion, la foi n’existerait sans doute plus. Pascal disait que Dieu nous restait caché, parce que la foi est un acte de notre liberté, nous devons librement adhérer à Lui par Amour. Si Dieu vous apparaissait, là, dans votre salon, croire en Lui ne serait plus qu’une fatalité.
3 - Enfin, si Dieu vous apparaissait, vous seriez instantanément consumée par son rayonnement. Rappelez-vous l’épisode du Buisson Ardent !

Jean-Pierre Hamel said...

Suite de réponse :
« Concernant la création de l'homme, avez-vous déjà lu ceci :
http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2006/clb_060113.htm »
1 - On affirme ici la nécessité d’avoir un corps (fait de glaise) et une âme (le souffle divin) ; ça ne peut pas être autrement…parce que c’est comme ça. Et c’est comme ça parce que Dieu l’a voulu. Et il l’a voulu, parce que c’est bon. Et pourquoi c’est bon ? Parce qu’il l’a voulu.
Stop !!! vous voyez que l’ordre de la déduction se mord la queue : l’acte de foi est donc indispensable, et ce genre d’explication ne vaut rien du tout : mieux vaudrait dire, comme Pascal, justement : « Mettez-vous à genoux et priez »
2 - C’est exactement la même chose avec l’avant dernier paragraphe : « Certains diront peut-être que s’il en est ainsi, nous ne sommes plus libres! » Ça n’a pas plus de sens que de dire : si Dieu m’a vraiment créé, alors je dois croire en Lui. Et s’Il ne m’a pas créé, qu’est-ce que je fais ?
Autrement dit, que votre brave Yolande Girard, bibliste canadienne, croit que Dieu vous a créée : grand bien lui fasse. Mais ça ne prouve pas qu’Il vous ait créé réellement.
Je préfère mille fois Pascal qui vous dit : de toute façon vous ne pourrez rien faire d’autre que de parier soit que Dieu existe, soit qu’il n’existe pas. Dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agira jamais que d’une croyance.

Mylagan said...

Merci beaucoup pour votre réponse. Elle est intéressante.

"Le doute est indispensable à la religion." je suis d'accord.

"Dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agira jamais que d’une croyance" C'est certain, mais c'est une croyance qui change beaucoup de choses quant à la façon de voir la vie.

J'aimerais bien savoir...que répondriez-vous aux questions "Pourquoi la vie existe-t-elle ?" Pourquoi l'univers existe ? Pourquoi existons nous ?...et, (si la question est trop indiscrète, vous pouvez utiliser votre joker :) ) Qu'est-ce qui vous fait vivre ?

Jean-Pierre Hamel said...

J'aimerais bien savoir...que répondriez-vous aux questions "Pourquoi la vie existe-t-elle ?" Pourquoi l'univers existe ? Pourquoi existons nous ?...et, (si la question est trop indiscrète, vous pouvez utiliser votre joker :) ) Qu'est-ce qui vous fait vivre ?
1 - D’abord, je crois qu’il faut se dire que toute question qui commence par un « pourquoi » doit être examinée avec soupçon : si elle ne concerne par un être humain, alors elle n’a aucune valeur, parce qu’elle suppose une finalité (= la représentation d’un but)
2 - Donc, demander « Pourquoi l'univers existe », ou « Pourquoi la vie existe-t-elle ? » c’est supposer que tout a été créé par un être intelligent ayant un but précis. Donc poser cette question, c’est se positionner dans un cadre religieux. Et, si vous faites ça, alors la question est déjà résolue : lisez la Bible ! (ou le Coran, ou la Thora…ou les grand mythes fondateurs des civilisations).
3 - Demander « Pourquoi existons nous ?... » : c’est exactement pareil, sauf que si je dis : « nous n’avons aucune raison d’exister », je vais être taxé de nihilisme, donc il me faut ajouter illico : « …aucune raison, sauf celle que je me donne »
4 - « Qu'est-ce qui vous fait vivre ? » : chacun devrait pouvoir répondre à cette question sans même y réfléchir, et pourtant on trouve cette question délicate au point qu’on hésite à la poser… Sans trahir par des confidences inopportunes des secrets intimes, je dirais que ce qui me fait vivre c’est tout ce qui change perpétuellement dans la vie. Ce qui revient toujours identiquement - même si c’est très reposant et très sécurisant - ne nous apporte aucune raison de vivre : c’est Marc-Aurèle (je crois ?) qui disait en substance « A quoi bon vivre 3000 ans si c’est pour vivre ce que tu vis depuis 30 ans ? » un peu plus un peu moins, quelle différence ?
Donc : qu’est-ce qui change perpétuellement ? Les enfants ; les enfants des enfants ; l’épouse, les amis - bref, tout ce qui est humain - Et aussi tout ce qu’on crée, tout ce qu’on invente, qui n’existait pas hier parce que je ne l’avais pas inventé. Et tout ce que les autres me donnent à inventer par leurs inventions…
Bref : des raisons de vivre, c’est pas ça qui manque.

Mylagan said...

Je ne m'attendais pas à cette réponse pour la dernière question.
Je suppose que tout ce petit monde (épouse, enfants et amis) sont "attachés" à vous, vous comptez pour eux tout comme vous devez certainement tenir à eux. Raison, à mon avis, non négligeable. N'est-ce pas triste de n'exister pour personne, de se sentir "inutile" ?....
Bon week end.