Une bonne confession vaut mieux qu'une mauvaise excuse.
Jean Hamon (1617 – 1687)
Alors voilà, vous êtes isolé dans une campagne solitaire, les mécréants du coin ont laissé fermer l’église, et vous avez commis un péché affreux. Il faut délivrer votre conscience affligée, obtenir l’absolution, c’est urgent. Mais comment faire ?
- Vous allez sur Internet, vous cherchez le site d’absolution-online, vous cliquez sur « Virtual confessional ». Il ne vous reste plus qu’à suivre les indications :
- Avez vous obligé vos employés à travailler le dimanche, ou bien avez vous éprouvé une délectation sexuelle excessive ? Grave ! Mais, pas de problème : c’est prévu !
- Ah !... au dessert, vous avez pris une trop grosse part de tarte ? Pas de problème : cliquez sur « Gluttony », choix E.
- Et en suite, vous avez préféré mater un film à la télé plus tôt que d’aller à l’Eglise ? Idem : péché de classe E
… Bien sûr la Vatican condamne cette pratique et les évêques rappellent à qui veut l’entendre que la confession est dite « auriculaire » ce qui nécessite la présence physique du prêtre. Même le téléphone ne conviendrait pas, parce que… Mais pourquoi au fait ?
La confession «auriculaire », ça veut dire de la bouche à l’oreille, dans un murmure, dans souffle : entre le pénitent et le confesseur il n’y a que l’épaisseur de la grille du confessionnal. Nous supposerons donc que la confession soit une sorte de confidence. Ce que requiert la confidence, c’est la présence charnelle du confident : c’est précisément ce qui fait défaut dans la communication à distance, puisque l’interlocuteur n’y existe que par des signaux électroniques.
Alors que ce soit pour se confesser, pour faire une confidence, la présence de l’autre est indispensable. Seulement, il y a un gradient d’intensité de cette présence en fonction de la distance spatiale qui sépare les interlocuteurs. Au niveau de la communication à distance, ce gradient est au degré zéro. Mais il augmente au fur et à mesure que les interlocuteurs se rapprochent, jusqu’à atteindre un maximum dans l’intimité du contact de la bouche à l’oreille…Et revoilà notre confession auriculaire.
Plus banalement, dans la vie quotidienne, il y a des règles non écrites de la distance à respecter pour la conversation. Il y en a des gens qui vous parlent en restant à plusieurs mètres. Glaçant. La largeur du bureau qui sépare le chef de son subordonné est proportionnelle à son pouvoir. Il y a également des gens qui vous parlent à 20 centimètres (= à brûle pourpoint) : insupportable. Si vous demandez votre chemin à un inconnu dans la rue en venant si près de lui, il aura un mouvement de recul : vous avez eu une familiarité déplacée. Quand on est trop familier, on nous dit : « Gardez vos distances »
Comme les hérissons de la fable (1).
(1) Voir Post du 25 avril 2006
Et puis, au diable l’avarice : voici le texte de Schopenhauer
« Par une froide journée d'hiver un troupeau de porcs-épics s'était mis en
Schopenhauer Parerga et paralipomena II §396.
(Texte allemand disponible ici)
No comments:
Post a Comment