Tuesday, January 26, 2010

Citation du 27 janvier 2010

Le fait qu'on se confesse de plus en plus à la radio et de moins en moins dans les églises semble indiquer que la publicité est plus précieuse que le pardon...

Philippe Bouvard – Maximes au minimum

La confession doit être publique ou privée. Etre proclamation offerte à tous ou bien murmurée dans l’oreille du prêtre. Il y a là bien plus qu’une alternative simplement logique, comme de dire qu’une porte doit être ouverte ou fermée.

Car cette alternative se ramifie rapidement dès qu’on y regarde d’un peu plus près. En particulier, la confession publique peut être anonyme, comme à la radio, ou bien expressément nominative comme dans les autocritiques, celles qu'on pratiquait du temps du régime soviétique.

Ces dernières, qui nous semblaient être une insupportable humiliation de l’homme, apparaissaient alors aux marxistes-léninistes comme une arme dans la lutte contre le capitalisme. Du fait d’un renversement des valeurs ce qui est mauvais dans les régimes capitalistes devient bon pour les régimes communistes. (1) Il ne s’agissait pas alors d’obtenir une absolution, mais bien de parfaire la Révolution.

Soit. Mais, si nous en revenons à la pratique radiophonique actuelle, pourquoi confesser ses fautes, ou du moins des détails de son intimité, à des gens qu’on ne connaît pas et qui n’ont aucun pouvoir de nous pardonner ?

- En réalité, la confession est une pratique si complexe qu’elle peut changer totalement de signification d’une situation à l’autre.

Ici, plus d’aveu au sens propre, plus de faute reconnue, plus de pardon recherché. On ne retient plus de la confession que sa nature verbale. Les catholiques, parlant de la pratique du confessionnal, disent que la confession y est auriculaire. N’entre dans l’oreille du confesseur que ce qui est sorti de la bouche du confessé. Des phrases, mots, des syllabes, des phonèmes.

Le langage permet de libérer les émotions, et la confession radiophonique ne fait que remplacer la cellule de soutien psychologique qui est de mise aujourd’hui après chaque catastrophe.

Nous avons alors affaire à une catharsis minimale, celle qui n’exige rien, pas un prêtre, pas un ami, pas une âme compatissante – rien qu’un « autre ».

Même si cet autre est anonyme – même s’il est entrain de faire la vaisselle ou de tirer la chasse d’eau.


(1) « Formes nouvelles de lutte du nouveau contre l'ancien, instruments propres à éliminer les contradictions, la critique et l'autocritique découlent de la nature même de l'Etat soviétique, qui représente la forme supérieure de la démocratie, la démocratie socialiste. » Lire le reste ici.

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